Dans quelques jours, ce sera le cinquantième anniversaire de l’inauguration, le 8 mars 1974, du terminal 1 de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. C’est certainement un des bâtiments les plus célèbres de France. Mais son histoire est relativement méconnue tout comme son auteur, Paul Andreu.
La Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris vient d’inaugurer une remarquable exposition consacrée à cet architecte, décédé en 2018.
Aujourd’hui, le terminal 1 n’est plus qu’une des nombreuses aérogares de Roissy. Il faut faire un certain effort d’imagination pour réaliser combien ce bâtiment a pu étonner et même fasciner les Français des années 1970.
C’était une sorte d’ovni. Un disque de 190 mètres de diamètre, en béton brut, sans aucune ouverture extérieure. Des bretelles routières permettent d’y accéder et de se garer directement dans les étages supérieurs. Ensuite, le voyageur découvre un bâtiment éclairé par un vide central qu’un historien de l’architecture a qualifié de « cloître de science fiction ». De là, pour embarquer dans l’avion, les passagers rejoignent par des passages souterrains des bâtiments satellites du disque principal.
En somme, une sorte de cœur qui aspire les voyageurs pour les conduire à leur avion. Tout est dans le mouvement. Ce qui a fait dire un jour à Paul Andreu que cet aérogare est plus facile à filmer qu’à photographier.
Chose assez inimaginable, cet homme a commencé à travailler sur le projet à 29 ans. Il avait 35 ans à la fin du chantier. Il faut dire que c’était un brillant sujet puisqu’il était devenu ingénieur des Ponts-et-chaussées à sa sortie de l’école Polytechnique tout en passant son diplôme d’architecte.
Embauché par les Aéroports de Paris, il en a été l’architecte en chef pendant des décennies, menant tout le développement de Roissy mais aussi de nombreux chantiers d’aéroports à l’étranger comme Abu Dhabi, Djakarta, Dar es Salaam, ou Le Caire.
Il fut aussi l’homme qui a réalisé la Grande Arche de La Défense après que son architecte, le Danois Johann Otto von Spreckelsen, a démissionné. Il a aussi conçu par exemple le terminal français du tunnel sous la Manche. Paul Andreu a ainsi acquis une image de technicien hors pair. Ce qui était à la fois sa gloire et son drame.
Son talent d’architecte n’était guère reconnu. Et c’était parfois très frustrant. Il a par exemple conçu tout le dispositif du gigantesque aéroport du Kansai au Japon. Mais ensuite un concours a été organisé pour désigner celui qui dessinerait les bâtiments. Andreu n’était pas autorisé à y participer. Il lui a fallu beaucoup d’abnégation pour collaborer ensuite avec le lauréat, l’Italien Renzo Piano.
Paul Andreu a fini par s’éloigner d’Aéroports de Paris pour créer sa propre agence avec laquelle il a mené un chantier de très grande envergure, l’Opéra de Pékin, dôme de métal et de verre posé sur une pièce d’eau. Avec le temps, on a pris conscience de la qualité architecturale de son travail à Roissy, l’aérogare 1 mais aussi le terminal 2 F, particulièrement réussi. Cinq ans après la mort de Paul Andreu, l’exposition de la Cité de l’architecture permet de lui rendre justice.
Jusqu’au 2 juin prochain à la cité de l'architecture.
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