Il y a dans Macbeth, la pièce de William Shakespeare, un célèbre vers : « Tous les parfums d’Arabie ne purifieraient pas cette main. » All the perfumes of Arabia… Ces mots du début du XVIIe siècle nous disent combien depuis toujours les parfums du Moyen-Orient ont une place particulière dans notre imaginaire. Dès l’antiquité, la péninsule arabique, la légendaire Arabia felix, a été un lieu de production et d’exportation de parfums alliant l’encens, le bois de Oud ou l’ambre gris.
C’est à tout cela que l’Institut du monde arabe, à Paris, consacre une remarquable exposition. Je dois le préciser tout de suite : il ne faut pas tarder pour aller la visiter. Car elle a ouvert ses portes il y a déjà un certain temps et prendra fin dans un peu plus d’un mois le 17 mars. Autre conseil : il faut, si on le peut, éviter les jours et les heures de pointe si l’on veut bien profiter de la trentaine de dispositifs olfactifs que le parcours de l’expo propose aux visiteurs.
Concrètement, ce sont de petites grilles dont le visiteur peut approcher son nez pour respirer des senteurs et des odeurs. Un professionnel du parfum, Christopher Sheldrake, a participé à l’organisation de l’exposition, proposant notamment une expérience étonnante : le visiteur peut comprendre comment un parfum est fait d’une addition de fragrances en respirant trois dispositifs successifs où, chaque fois, l’odeur s’enrichit.
L’exposition explique fort bien comment sont recueillies et transformées des matières
J’ai ainsi beaucoup apprécié un parfum composé de ciste, benjoin, coriandre et géranium. L’exposition explique fort bien comment sont recueillies et transformées des matières comme l’encens, la myrrhe, la rose, le safran ou le jasmin.
On nous montre aussi quels en sont les usages dans des domaines aussi divers que la cosmétique, la médecine, la cuisine, l’hospitalité, la séduction et la religion. Dans ce dernier domaine, les chrétiens savent bien ce que signifie l’encens pour matérialiser l’ascension des prières ou encore l’onction d’une huile sainte.
Ce qui en fait le charme, c’est un mélange entre des oeuvres très anciennes, venues par exemple des collections du Louvre, et des créations contemporaines, dues pour la plupart à des artistes originaires du Proche-Orient. Dans la première catégorie, on retiendra des miniatures persanes évoquant les hammams ou des flacons de parfums extrêmement anciens. Côté contemporain, j’ai beaucoup aimé les photographies grandeur nature de boutiques de parfumeurs prises par Wladimir Antaki à Mascate, dans le sultanat d’Oman. On s’y croirait !
J’ai été touché par une colonne faite de blocs de savons d’Alep, la ville qui fut martyrisée de 2012 à 2016 par la guerre civile en Syrie. Enfin, j’ai beaucoup aimé ce qui apparaît au premier coup d’oeil comme un sol en carrelage, d’inspiration palestinienne, et donc découvre en s’approchant qu’il a été réalisé par un artiste, Laurent Mareschal, avec des poudres d’épices de différentes couleurs. Vous pourrez en voir une photo sur le site Internet de RCF.
On parle souvent ces temps-ci d’expositions « immersives », censées transporter le visiteur dans un autre univers. Généralement, je trouve la démonstration décevante. Là, je dois dire que j’ai été tout à fait impressionné.
Exposition jusqu’au 17 mars à l'Institut du Monde Arabe
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