La mobilisation d'un lycée stéphanois autour d'un travail de mémoire
L’histoire d'une période sombre et douloureuse
Grâce au journal qu'elle a tenu, Anne Frank est probablement l'adolescente la plus connue symbole du génocide nazi. Mais ce sont sans doute plus d'un million d'enfants juifs qui périrent pendant la Shoah.
La Seconde Guerre Mondiale a permis aux nazis d'appliquer leur idéologie raciste à l'échelle de l'Europe. Les camps ont accueilli des familles entières, enfants compris, dans des lieux de mise à mort industrielle : les camps d'extermination dont le plus connu est Auschwitz Birkenau.
En ce qui concerne la déportation, les habitants de la Loire n’ont pas été épargnés : 1400 personnes furent les victimes des mesures de répression et de persécution organisées par les nazis et mises en œuvre avec la collaboration de l’Etat français.
Parmi cette cohorte macabre, 4 anciennes élèves du Lycée Honoré d'Urfé de Saint-Etienne ont été sorties de l'oubli récemment.
Une enquête au long cours
Paul Saumet, professeur d'histoire de ce lycée a découvert, par hasard, 2 registres anciens de l'établissement. Ces documents contenaient les inscriptions des élèves pendant la 2° Guerre Mondiale. A cette époque, cette institution était réservée aux jeunes filles qui étaient le plus souvent issues de familles bourgeoises.
A la lecture de ces listes, le professeur fait une observation : plusieurs noms ont une consonnance d'Europe de l'Est et, à côté de ces noms, figure la mention « israëlite ».
Une longue enquête débute pour Paul Saumet et son collègue Yves Léauté professeur d'histoire également . A l'issue de ce travail de longue haleine, 4 élèves du lycée sont identifiées : Jeanine HEIMER, France KLAIN, Lise LEHMANN et Charlotte ROSENKOVITCH . Elles ont toutes les quatre été déportées et sont mortes au camp d'Auschwitz entre 1943 et 1944.
Réparer un oubli et leur rendre leur dignité
Certes, il y avait déjà, dans le hall du Lycée Honoré d'Urfé, depuis les années 70, une plaque hommage à des élèves et des enseignantes déportées ou combattantes.
Mais ces 4 jeunes filles avaient tout simplement disparues des mémoires, certains ignoraient même leur déportation . Pour Paul Saumet et Yves Léauté, il fallait les faire sortir de l'oubli pour ne pas se montrer complices de ceux qui voulaient les « effacer ». Il fallait leur rendre leur dignité.
Une nouvelle plaque a donc été rajoutée au cours d'une cérémonie officielle où de nombreux élèves de l'établissement leur ont rendu hommage sous des formes très variées ( lecture, chant …) mais toujours très émouvantes.
Cette mobilisation a permis aux jeunes de mieux comprendre cette période de 1939 à 1945 face à – et malgré - la disparition inévitable et progressive des témoins. Quelques-uns ont pourtant fortement oeuvré à la sauvegarde de cette mémoire en témoignant dans les établissements solaires, c'est la cas de Violette Maurice par exemple, aujourd'hui disparue .
Cette prise de conscience des lycéennes et lycéens d'aujourd'hui a été d'autant plus facile qu'elle concerne des jeunes filles qui avaient leur âge et sans doute des rêves ou des envies proches des leurs.
Cette recherche répond au droit de savoir. Elle a permis à ces professeurs de rappeler des valeurs essentielles : la promotion du vivre-ensemble et la lutte contre les discriminations et toute forme d’extrémisme. Le passé est un outil indispensable au service du temps présent pour que son apprentissage permette une meilleure compréhension des situations actuelles.
La transmission de la mémoire est un défi mais aussi un devoir que Paul Saumet, son collègue Yves Léauté et les élèves d'Honoré d'Urfé ont su relever.
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