Les thérapies non médicales sont nombreuses et fructueuses. La danse en fait partie. Comme une crème de soin, elle vient apaiser les plaies des personnes âgées ou malades. Un moment hors du temps, offert par des personnes comme Thierry Thieû Nang.
Dans son livre "Agapè, danser à l’hôpital", Thierry Thieû Nang raconte son expérience de danseur en milieu hospitalier. "J’ai eu envie de m’éloigner de la scène, de chercher d’autres endroits pour danser." C’est comme ça que Thierry Thieû Nang a invité sa danse à l’hôpital, offrant attention et disponibilité aux patients. Son art est l’outil d’une méditation sur la vulnérabilité, sur la vieillesse. Le danseur, chorégraphe et metteur en scène permet aux patients de "retrouver leur présence en l’humanité". Dans les maisons de retraite ou les hôpitaux, les corps sont moins virtuoses. Alors pour travailler sur l’image de ces corps, "rien de mieux que la danse, inscrite dans toutes les générations et toutes les cultures".
"La danse est revenue dans cet endroit où l’on n’attend que la mort." Thierry Thieû Nang se rappelle de son séjour en gériatrie. La création d’un imaginaire basé sur le réel peut consoler, comme la musique ou la littérature. C’est l’un des pouvoirs de l’art.
La démarche artistique repose sur une double alliance. D’un côté, Thierry Thieû Nang travaille avec des écrivains ou des réalisateurs. De ce travail naît un documentaire, comme "Une jeune fille de 90 ans", ou un livre, comme "Au bois dormant", de Marie Desplechin. L’alliance, ensuite, se fait avec les familles ou le personnel soignant, invités eux aussi à vivre un moment hors du temps : "Il y a toujours un art à partager", s’enthousiasme le danseur.
"Je ne suis pas soigneur", affirme Thierry Thieû Nang. Pourtant, le travail qu’il orchestre aide de nombreuses personnes à aller mieux. Dans la communication qu’il établit avec les malades, un travail sur le corps s’opère. Le chorégraphe se rend auprès des patients et travaille sur l’image du corps dévasté et impuissant. "La danse est une langue universelle, les gens ne parlent pas toujours français". Et la danse, d'ailleurs, surgit parfois dans le silence, dans le toucher.
Son temps, Thierry Thieû Nang le prend et l'offre sans le compter. Il souhaite créer l’instant présent et propice, puisque le temps traverse notre corps. "C'est mon allié", souligne le danseur. Quand il est à l’hôpital, c'est la notion de carpe diem qui le guide. Prendre le temps, enfin, semble être une condition sinequanone pour que les corps se détendent. Qu'ils aillent mieux, le temps d’un instant.
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Trévoux
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