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2025, année de la préservation des glaciers : comment agir ?

Un article rédigé par Laura Pierrez, Anaïs Binghinotto, Melchior Gormand - RCF, le 8 janvier 2025 - Modifié le 8 janvier 2025
Je pense donc j'agis2025, année internationale de la préservation des glaciers : comment agir ?

2025 a été proclamée par l’ONU "année internationale de protection des glaciers". Ce coup de projecteur n’est pas anodin, puisque les glaciers sont essentiels pour l’écosystème. En France comme dans le monde, le réchauffement climatique est en augmentation malgré les efforts déjà mis en place. Les glaciers en subissent les conséquences. Sont-ils en train de disparaître ? Comment agir pour les protéger ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.

Mer de Glace, à Chamonix © urtimud.89 / PexelsMer de Glace, à Chamonix © urtimud.89 / Pexels

Les glaciers, ces véritables "châteaux d’eau" qui préservent la planète, ont une importance pour notre survie et celle de nos écosystèmes. L’année 2025 vient de commencer et elle est déjà placée sous le signe de la protection des glaciers, qui fondent de plus en plus vite à cause du réchauffement climatique.

Leur dégradation est constatée "à partir du moment où l’on met un pied en montagne", assure Mathieu Crétet, ingénieur spécialisé en gestion des milieux naturels et chargé de mission dans l'association Mountain Wilderness. Les glaciers sont un "symbole fort qui rend visible le changement climatique". L’objectif est clair : agir concrètement sur l’urgence que représente la fonte des glaciers.

En France, comment vont nos glaciers ?

L'accord de Paris signé en 2015 lors de la COP21 sur le climat fixait l’objectif de ne pas dépasser une hausse de 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle. "On a atteint ce niveau cette année. Pour nous, humains, ça ne représente pas grand chose, mais pour les glaciers alpins, cela représente une fonte d’environ 70 à 80 % du volume initial. Ils sont hypersensibles au réchauffement, bien plus que nous", explique Jean Baptiste Bosson, glaciologue et géomorphologue, directeur de l'association Marge Sauvage, coordinateur du projet Ice&Life et du festival Agir pour les glaciers.

Les glaciers sont un symbole fort qui rend visible le changement climatique. 

Les glaciers sont donc menacés, à l’instar de la Mer de Glace dans les Alpes, qui perd du volume chaque année. C’est le glacier en France le plus visité, car très accessible et emblématique en Europe. "Les géographes parlent du tourisme de la dernière chance. Les gens se dépêchent d’y aller car d’ici quelques années, la Mer de Glace pourrait avoir complètement disparu", alerte Mathieu Crétet. L'exemple de la Mer de Glace est frappant mais l’état des glaciers, surtout dans les Alpes est particulièrement inquiétant. "Les Alpages jaunissent, le débit des torrents s'amenuisent, certaines parois se déstabilisent et des glaciers fondent entièrement", déplore Mathieu Crétet.

L'impact du réchauffement climatique sur les glaciers

La fonte des glaces est la première conséquence du réchauffement climatique. "Il y a aujourd’hui 270 000 glaciers sur Terre. La hausse des températures a eu comme impact la dislocation de ces masses de glace. Ils sont plus nombreux mais ont un volume réduit", indique Jean-Baptiste Bosson. "Si les glaciers changent, tout change", complète Mathieu Crétet. 

Les géants de glace ont un rôle essentiel sur le cycle de l’eau et la montée du niveau de la mer. "L'augmentation des températures fait reculer la ligne d’équilibre. C'est-à-dire qu’il y a de moins en moins de glace, donc de moins en moins d’eau. La neige, elle, sera toujours là, mais elle fond plus vite et ne garde pas l’eau comme la glace", souligne Véronique Dansereau, glaciologue, chercheuse à l'Institut des Géosciences de l'Environnement (IGE) à Grenoble et administratrice de Mountain Wilderness. Cela entraîne donc une sécheresse prolongée et un grand impact sur la distribution d’eau douce. La scientifique insiste également sur la fonte du permafrost, ce sol gelé toute l’année, qui crée des glissements de terrain en fondant.

Si les glaciers changent, tout change. 

Ces conséquences sont redoutables pour l’Homme mais aussi pour nos écosystèmes que l’on voit petit à petit disparaître. Les glaciers abritent ainsi de nombreuses espèces. En disparaissant, les animaux polaires perdraient leur habitat. "Si on perd ces animaux, le fonctionnement de la biodiversité changera et aura des conséquences sur la distribution du vivant et sur la vie locale", alerte Jean-Baptiste Bosson. Le réchauffement climatique est aussi à l’origine de la naissance de 100.000 nouveaux lacs. Cela crée de nouveaux écosystèmes et de nouvelles réserves d’eau. "Il faut les préserver ! Ils ne remplacent pas les glaciers, mais sont de nouveaux alliés pour le futur", précise Jean-Baptiste Bosson.

2025, année de la préservation des glaciers

"2025 est l’année de l’action".  En déclarant 2025 année de préservation des glaciers et en instaurant cette journée mondiale des glaciers le 21 mars, l’ONU donne de la visibilité à ces grandes masses de glace si importantes. Pour Jean-Baptiste Bosson, "nous n’avons plus besoin d’apprendre de nouvelles connaissances sur ce phénomène, il est temps de gérer les défis. Il faut arrêter de mettre de l’argent dans les recherches, maintenant il faut utiliser cet argent dans les actions". Véronique Dansereau reste sceptique : "J’accueille cette nouvelle avec beaucoup de questionnements : qu'est-ce qui va être fait concrètement par les gouvernements ? Il ne faut pas attendre que ça vienne d'en haut."

Mais pour les invités, les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des défis climatiques. "La France a déjà été condamnée deux fois pour inaction climatique par rapport à ses engagements. La hausse des températures va coûter cher et générer des migrations et des conflits", analyse Jean-Baptiste Bosson. 

Il faut arrêter de mettre de l’argent dans les recherches, maintenant il faut utiliser cet argent dans les actions. 

Chacun peut agir à son échelle. Mathieu Crétet et Véronique Dansereau appellent à "dresser notre bilan carbone" et à le réduire. La parole et l’engagement comptent aussi. Les cercles familiaux ou professionnels sont les premiers concernés mais il faut aussi compter sur l’aide des médias pour sensibiliser un plus grand nombre de personnes. "On a les faits et on a le devoir de les rendre accessibles. Il faut que l’on continue de faire des efforts pour les diffuser au grand public", précise Véronique Dansereau. Il est aussi possible de s’engager dans une association afin d’agir concrètement, à l’image de Mountain Wilderness. Les bénévoles sont les bienvenus pour agir en montagne en répondant à des questions de mobilité ou d'aménagement sur le terrain.

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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