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À l'heure des JO de Pékin, réinventer le sport

Un article rédigé par François Mandil - RCF, le 17 février 2022 - Modifié le 17 février 2022
Tout est liéA l'heure des JO de Pékin, réinventer le sport

Après des décennies de mobilisation des écologistes, la réalité climatique rattrape aujourd’hui les organisateurs des grands évènements sportifs. Mais nous avons besoin de spectacles et de divertissements, nous avons besoin de héros et d’héroïnes… et nous avons besoin de faire du sport ! Et il n’y a sans doute que le sport qui soit capable de réunir autant de monde autour d’une même histoire, qui procure de grands moments de communion, de fête collective.

Jeux Olympiques, Février 2022. ©UnsplashJeux Olympiques, Février 2022. ©Unsplash

Le scandale des Jeux olympiques de Pékin

 

Vous avez sans doute vu, comme moi, ces images d’un tremplin des jeux de Pékin, perdu en pleine zone industrielle, recouvert de neige industrielle. Globalement, la communication des JO a plutôt des angles de caméra efficaces, cachant l’aridité de la région, quasi-désertique, pour nous faire croire à des montagnes enchantées et recouvertes de neige, mais parfois, comme pour ce fameux tremplin, il devient impossible de cacher l’artifice.

Cette neige industrielle n’est pas le seul scandale de ces jeux, dont Pékin se sert pour montrer que l’Occident est ringard et dépassé, que la démocratie est une chimère inutile.

 


DOSSIER ► Jeux olympiques de Pékin, l'envers du décor


 

Les Jeux de Pékin et la Coupe du monde au Qatar

 

Dans quelques mois, nous devrons également subir la Coupe du monde de foot, au Qatar. Encore un scandale environnemental, encore un scandale humain et politique : les stades climatisés sont construits sur les cadavres de milliers de travailleurs à la limite de l’esclavage.

Certes, déjà des précédents JO d’hiver avaient eu recours massivement à de la neige industrielle. Certes, les grands événements sportifs sont toujours plus ou moins instrumentalisés par les régimes politiques. Cependant, l’enchaînement des deux cette année, une petite vague de protestations qui monte et touche des milieux jusque-là silencieux, pourraient changer la donne.

Peut-être parlera-t-on un jour des JO et de la Coupe du monde de 2022, comme nous parlons aujourd’hui des JO de 1936 : un scandale que les démocraties ont laissé faire.

 

Transformer les grands événements sportifs

 

Enfin, il faut aussi souligner qu’après des décennies de mobilisation des écologistes, la réalité climatique rattrape aujourd’hui les organisateurs de ces grands événements. Dans une interview au Figaro, Claude Atcher, le président de la Coupe de monde de rugby qui se tiendra en France dans un peu pus d’un an, déclarait que si les grands événements sportifs ne se transformaient pas radicalement, dans 10 ans ils n’existeraient plus. Et le moins qu’on puisse dire c’est que Claude Atcher n’est pas spécialement un grand écologiste décroissant.

 

Existe-t-il du sport "écolo-compatible" ? 

 

Panem et circenses, disait le latin Juvenal pour dénoncer le fait que les Romains se détournaient de la politique du moment qu’ils avaient des jeux. Mais je crois que les jeux, les joutes sportives, peuvent être politiques. Elles l’ont toujours été. Le débat devient de plus en plus vif sur l’opportunité d’accueillir des JO par exemple, ce qui explique d’ailleurs pourquoi de plus en plus, seules les dictatures sont prêtes à les accueillir.

 

Les citoyens sont de moins en moins prêts à accepter le discours prémâché sur les bénéfices attendus des JO. Nous apprenons cette semaine que l’organisation des JO de Paris 2024 demande 150.000 euros à chaque département français juste pour avoir le droit d’être sur le trajet de la flamme olympique ! 150.000 euros ! C’est tout ça de moins dans le soutien aux associations sportives locales, à la solidarité… Et nous apprenons cette semaine que de plus en plus de département refusent ce chantage.

 

Nous avons besoin du sport

 

Nous avons besoin de spectacles et de divertissements, nous avons besoin de héros et d’héroïnes… et nous avons besoin de faire du sport. La sédentarité des jeunes, aggravée par la crise Covid, est un grave sujet de santé publique trop ignoré. Nous avons besoin de réinventer les compétitions pour limiter les déplacements, rendre possible les déplacements en train des équipes professionnelles faisant évoluer les calendriers, nous avons besoin de repenser la consommation des stades…

 

Mais n’oublions pas qu’il n’y a sans doute que le sport qui soit capable de réunir autant de monde autour d’une même histoire, qui procure de grands moments de communion, de fête collective… Et s’il y a bien une chose que nous pouvons consommer sans modération, c’est de la joie et de l’adrénaline.

 

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