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Agriculture biologique : "Je voudrais que ce label soit reconnu et ses agriculteurs écoutés"

RCF, le 27 février 2023 - Modifié le 28 février 2023
Les Essentiels de Commune PlanèteÉcologie et agriculture : le nécessaire bouleversement des pratiques

Alors que se tient le Salon de l’agriculture à Paris, passage obligé de tous les politiques, Rosélène Pierrefixe, maraîchère dans le Morbihan, interpelle les dirigeants. Pour elle, il faut encourager la transition des agriculteurs vers le bio. "Je voudrais que ce label soit reconnu, que ses agriculteurs soient reconnus, écoutés dans les instances, qu’il n’y ait pas que la FNSEA qui ait son mot à dire..."

En agriculture bio, on est capables de stocker plus de carbone qu’on en émet ©UnsplashEn agriculture bio, on est capables de stocker plus de carbone qu’on en émet ©Unsplash

"La maison brûle et nous regardons ailleurs." Cette célèbre phrase de Jacques Chirac (prononcée en 2002, lors du sommet de la Terre de Johannesburg), Rosélène Pierrefixe la fait sienne. Maraîchère dans le Morbihan, elle ne cache pas son inquiétude, surtout "après l’été qu’on a passé". "On continue de faire comme si de rien n'était ou presque, on change quasiment rien à nos habitudes…" Et pourtant, il suffirait de quelques bonnes décisions politiques et d'efforts individuels.

 

À tout moment peut un intervenir un événement climatique extrême

 

En 2012, Rosélène Pierrefixe a acquis un terrain avec son mari, à Monterblanc, près de Vannes. Un champ qu’ils ont défriché et transformé pour y installer leur ferme Les Jardins du petit verger. "Notre ferme est assez adaptée, finalement, au réchauffement climatique : elle est petite, on travaille de façon très manuelle du coup on a des besoins en intrants, en eau, en fertilisation, qui sont assez limités."

 

Mais dans le Morbihan cela fait un mois qu’il n’a pas plu. La sécheresse mais aussi les canicules, un coup de vent extrême, un gel tardif… "À tout moment peut intervenir un événement climatique extrême", observe la maraîchère. Ce qui signifie redoubler d’attention. "Les pommes de terre, s’il gèle au mois d’avril mai, quand elles font 20 centimètres, ça repart de zéro. Donc on a perdu trois semaines un mois sur notre planning. Forcément ça se répercute sur le rendement."

 

 

Les canicules, les sécheresses, ça rend le travail plus difficile, plus technique, plus éprouvant physiquement aussi

 

 

Restrictions d’eau : différencier l'agriculture des loisirs

 

"Il y a un adage qui dit : pas d'eau, pas de maraîchage." Cet été, le sud de la Bretagne a connu des records de températures, allant jusqu'à 41 degrés. "Les canicules, les sécheresses, ça rend le travail plus difficile, plus technique, plus éprouvant physiquement aussi." Si jusqu’à présent, sa ferme n’a pas souffert de pénurie d’eau, Rosélène Pierrefixe considère que "le problème" vient des décisions prises "au-dessus". Par exemple, les arrêtés sécheresse pris par la préfecture qui "désorganisent" le travail. "On a trouvé ça très difficile d’être soumis aux même règles que les golfs, que les stations de lavage d’auto", témoigne la jeune agricultrice. Pour elle, "la première des choses à faire" c’est de "différencier le loisir de l’agriculture". Question de choix. "À terme ça va pénaliser tout le monde..."

 

 

En agriculture bio, on est capables de stocker plus de carbone qu’on en émet, y compris en élevage

 

 

Aider les agriculteurs à passer au bio

 

Alors que se tient le salon de l’agriculture à Paris, passage obligé de tous les politiques, Rosélène Pierrefixe interpelle les dirigeants, notamment sur la place du bio en France. "En agriculture bio, on est capables de stocker plus de carbone qu’on en émet, y compris en élevage. Je voudrais que ce label soit reconnu, que ses agriculteurs soient reconnus, écoutés dans les instances, qu’il n’y ait pas que la FNSEA qui ait son mot à dire..."

 

Conscience de "la responsabilité de l’agriculture dans le réchauffement climatique et dans la perte de biodiversité", la jeune agricultrice encourage chacun à changer ses habitudes. Manger bio et local, cela peut être difficile à faire au début. C’est "comme se mettre au sport" ou "arrêter de fumer", difficile au début mais possible ! Le Groupement des agriculteurs bio (GAB), accompagne justement des démarches de transition sans augmenter son budget de courses. "Ça s’apprend, ça s’accompagne, parce qu’il faut acheter moins de produits transformés, plus de produits bruts, il faut se remettre à cuisiner acheter moins de viande, tout un tas de petits gestes qui permettent ça… Mais on se rend compte qu’au bout de quelques semaine les gens y arrivent… Donc c’est chouette, c’est plutôt encourageant, ça veut bien dire que c’est possible !"

 

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