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Au Pérou, l'agriculture à l'épreuve des mines de cuivre #JeudiPhoto

Un article rédigé par Stéphanie Gallet, Melchior Gormand - RCF, le 14 octobre 2022 - Modifié le 14 octobre 2022
Jeudi Photo - Agir pour le mondeAu Pérou, l'agriculture à l'épreuve des mines de cuivre #JeudiPhoto

Chaque semaine Stéphanie Gallet décrypte une photo sélectionnée par le CCFD Terre solidaire. Cette semaine, direction le Pérou pour dénoncer les ravages de l’industrie minière sur les conditions de vie et la culture traditionnelle des communautés paysannes. Une photo signée Catalina Martin-Chico.

© Catalina Martin-Chico© Catalina Martin-Chico

Prenons le temps de regarder cette photo

C’est un format paysage et nous sommes sous une serre. Une photo construite avec des lignes verticales dessinées par les piquets de la serre et des horizontales tracées par les sillons dans le sol.


Au centre de la photo il y a une femme accroupie. Elle est vêtue d'un vêtement traditionnel dans un camaïeu de rose qui fait écho à la couleur d’un pot en plastique qui se trouve sur la droite au premier plan. Un camaïeu de rose qui contraste avec le gris de la serre et le brun de la terre mais surtout avec le vert des semis. Cette femme contemple d’innombrables petits pots desquels émergent des petites pousses vertes. Elle a un beau sourire, on imagine qu’elle est rassurée, ça pousse !

 

Si ça pousse, tout va bien ?

 

Pas forcément. Nous sommes au Pérou à plus de 4 000 m d’altitude dans la province de Cotabambas dans la cordillère des Andes. Derrière cette serre, les terres fertiles riches en cuivre attisent la convoitise des industries minières. Pour de nombreuses communautés paysannes, l’agriculture est devenue un défi du quotidien.

 

Mais ce n’est pas seulement la rigueur du climat qui pénalise ces communautés paysannes. En 2016, la société chinoise MMG a pris possession du village de Las Bambas pour y exploiter la plus grande mine de cuivre du pays. Les habitants ont été expropriés et délocalisés à Nueva Fuerabamba, un village flambant neuf composé de maisons impersonnelles alignées le long d’avenues bitumées.

 

Depuis que la mine a vu le jour, les communautés andines voient leurs droits bafoués et leur mode de vie traditionnel bouleversé. Ainsi, la société avait initialement prévu un minéroduc pour transporter le cuivre puis a renoncé pour faire quelques économies sur le dos des paysans. La population se trouve confrontée chaque jour au ballet incessant de centaines de camions qui soulèvent sur leur passage d’immenses nuages de poussière. Une poussière qui souillent les cultures et oblige les communautés paysannes à se lever aux aurores pour rejoindre toujours plus loin des parcelles de terre épargnées par la pollution.


Qui est la photographe ?

 

Catalina Martin-Chico est une photographe franco-espagnole multi primée. Elle a pendant longtemps couvert le Moyen Orient. On peut découvrir sur son site l’intégralité de son reportage au Pérou. Les photos de la mine, du village artificiel mais aussi de la mobilisation de cette communauté paysanne face à ce géant minier sont vraiment impressionnantes : pour elle c’est vraiment  David contre Goliath.


Pour résister les paysans sont soutenus par le Centre Bartolomé de Las Casas un partenaire du CCFD-Terre solidaire. Celui-ci aide les communautés à
protéger leurs récoltes grâce à la construction de serres et les forme à l’agroécologie. Il y a aussi une dimension politique dans ce compagnonnage puisque le centre forme également des leaders paysans pour renforcer leur voix et favoriser une gouvernance locale.

 

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