Il fait partie de ces jeunes qui saluent la victoire des étudiants de Polytechnique face au groupe Total. À 23 ans, Jean Roman a bientôt fini ses études à l'École centrale de Nantes. Pour ce futur ingénieur en sciences du climat, l'écologie est un mouvement intérieur puissant, qui l'anime tout entier. Comme beaucoup de jeunes de sa génération fortement sensibilisés aux enjeux climatiques, il se demande s'il vaut mieux "sortir du système" ou y rester, pour essayer de le transformer de l’intérieur.
Le 28 janvier dernier, le groupe Total a renoncé à s’installer sur le campus de l’école Polytechnique. Le chantier du centre d’innovation et de recherche de Total Énergie devait commencer en juillet 2021, mais un groupe d’étudiants s’y est opposé jusqu’à remporter gain de cause après presque deux ans de polémique. "Un geste extrêmement fort" que salue Jean Roman.
Voir des entreprises jugées non vertueuses participer au financement de leurs études, cela interpelle de plus en plus d’étudiants. Ainsi, quand Amazon finance des ateliers professionnels à Centrale Nantes, c’est le lieu d’un "vrai questionnement" pour Jean Roman. Le futur ingénieur se sent en désaccord avec le business model et l’engagement de la marque. Plus largement, il faut selon lui "pousser au niveau national" la question du "rôle des entreprises dans les écoles d’ingénieurs".
"On tend à nous amener vers un modèle qui a fonctionné pendant plusieurs années… On nous nourrit à ça tous les jours, on est vraiment biaisés", regrette Jean Roman. Surtout au début, en arrivant à Centrale Nantes, il avait le sentiment d’une distorsion. "On étudiait parfois des choses qui nous questionnaient sur une vision du rôle de l’ingénieur ou même du citoyen français pas toujours en adéquation avec ce que je pensais."
Pourtant, c’est durant ses trois années à Centrale Nantes qu’il a vécu une véritable conversion écologique. Lui qui a été sensibilisé au respect de l'environnement dès l'âge de huit ans, grâce au scoutisme, parle d’un mouvement intérieur puissant, de "quelque chose qui bouillonne comme de la lave". Un attachement fort qui le fait réagir fortement, jusqu'à éprouver un sentiment de révolte devant certaines prises de position.
Jean Roman fait partie de cette génération de jeunes fortement sensibilisés aux enjeux climatiques. Ceux qui se demandent : "Qu’est-ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on va faire ? Pourquoi continuer à être dans un système qui nous nourrit et en même temps avec lequel on n’est pas d’accord ?" Faut-il en sortir pour militer ou rester pour essayer de le transformer de l’intérieur ?
Lui croit beaucoup à la légende du colibri popularisée par Pierre Rabhi, à l'idée que des petits gestes individuels peuvent petit à petit aboutir à un changement véritable et profond. "Avec d’autres élèves et les responsables Développement durable des écoles centraliennes, on a travaillé à faire évoluer les programmes scolaires des écoles centrales pour intégrer les enjeux climatiques au sein du tronc commun."
Aujourd'hui, Jean Roman se destine à travailler dans l'ingénierie environnementale. Il veut aider les entreprises à évoluer et à limiter leur empreinte énergétique "vers un modèle plus vertueux". Un secteur qui n’existait pas il y a 15 ans, et qui est en pleine expansion. Il sait qu'il ne devrait pas avoir de mal à trouver un travail.
Commune conversion, c'est le récit d'une conversion écologique et de ses conséquences: une femme, un homme, un couple, un groupe, une famille témoigne de sa prise de conscience, soudaine ou progressive, de l'urgence écologique et de la façon dont cela a changé sa vie. Ces témoignages, à la croisée de la lucidité sur l'état du monde et de l'espérance enracinée dans une mise en mouvement, dessinent le monde de demain.
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