Dans cette dernière partie, le Député Dominique Potier conclut sa soirée avec les agriculteurs meusiens sur le besoin de plus de justice pour une agriculture plus cohérente
Le besoin de dialogue entre les différents modèles agricoles
Le député n'aime pas du tout le slogan repris en boucle "Il ne faut pas opposer les différents modèles". Malgré tout le respect qu'il a pour C Lambert la présidente d'un grand syndicat agricole, il ne peut adhérer à ce concept.
Dans la vraie vie, un modèle va "manger" l'autre : c'est inéluctable. La course à l'agrandissement des fermes entraine l'appauvrissement du territoire. L'optimisation des capitaux encourage cela.
Pourtant notre choix : c'est notre capacité de survie en Meuse, sur la planète.
L'élu poursuit :"On est obligé de s'opposer aussi à d'autres modèles internationaux du Canada, du Brésil qui n'ont rien à voir avec celui français avec des vaches allaitantes par exemple."
Il y a pourtant un modèle unique qui est acceptable.
Vers un modèle de référence ?
C'est cela qui est bon avec des nuances selon les régions et les sols.
Il faut surtout, d'après le parlementaire, ne pas être dans le mensonge.
Les groupes puissants alimentés par la PAC se détournent de l'intérêt général, des forces s'affrontent.
Pourtant, il existe en Meuse sur des petites surfaces des innovations commerciales, organoleptiques, la création de produits à haute valeur ajoutées, bio et équitables et en même temps, le mouvement d'agrandissement des structures est sidérant.
Rencontrant des ingénieurs d'Agro ParisTech, l'élu s'est aperçu qu' 1/3 seulement se projetaient comme agriculteur et avec de petites surfaces en permaculture. "Bac + 5 pour en arriver là!"sourit-il. Pourtant, il va nous falloir du lait de la viande en quantité pour alimenter nos territoires !
D Potier est bien conscient que dans les 15 ans à venir, 50% des paysans vont partir en retraite
Va t-il rester des îlots d'agro-écologie et le reste des fermes gigantesques ?
La justice dans le monde agricole.
Le député pense qu'il peut y avoir une réconciliation entre les modèles par le haut, pas par le bas : pas dans un schéma dominants/dominés. Il existe selon lui 2 préalables :
Le partage du sol : il faut une régulation foncière. La constitution de grande société et le travail délégué font des ravages. Il faut changer ce modèle ce qui entraîne une perte de pouvoir individuel.
Le partage de la valeur : D Potier a beaucoup travaillé sur les lois égalim 1 et 2
Aujourd'hui, une oligarchie s'est créée : 5 acheteurs disposent de 80 % du marché. Il existe donc une fausse libre concurrence. Il faut renforcer les organisations de producteurs.
La grande distribution en profite. L'industrie agro-alimentaire elle même est en difficulté. Il faut savoir transformer nos produits. Il faut réconcilier ajoute t-il, l'agriculture de niches et le partage de la valeur pour tous. Nous avons besoin d'une juste rémunération des produits, partager la terre, assurer la venue de jeunes agriculteurs. Enfin, répondre au défi du carbone, de la baisse des phytos.
"Nos pères ont relevé le défi du productivisme, nous devons réussir l'aventure du partage"
Les leçons de la canicule de 1976
L'homme politique termine sa conférence par une aventure qu'il a vécu étant jeune en 1976
Ce fût la 1ère sécheresse. Les agriculteurs du Toulois allaient chercher de la paille dans la Marne.
Une belle entre-aide s'est créée. Il fallut alors recenser les besoins de chacun : répartir les stocks avec des règles mais aussi de l'humanité. Résultat au printemps 1977 : toutes les fermes furent sauvées. Beaucoup de fatigues :" le plus bel été" se souviennent les anciens.
Aujourd'hui, si avril est sec le cours de la paille monte. Le GIEC nous annonce de tels phénomènes tous les 3 ans. Le marché répond à ces aléas climatiques
D potier veut plutôt proposer de la solidarité, de l'empathie, de la fraternité pour permettre une régulation. L'épisode de 1976 fut d'une modernité extraordinaire.
En conclusion de cette soirée, le député reprend à son compte les propos du pape François dans Laudato Si : "tout est lié". S'engager en politique est important pour des institutions plus justes et un monde agricole plus juste et plus cohérent.
Les applaudissements dans la salle traduisent le merci que RCF Lorraine Meuse veut adresser au député chrétien de Toul. Il nous a donné une certaine idée de la cohérence du monde agricole et nous incite à faire écouter et partager ce podcast auprès de nos proches agriculteurs ou non, chrétiens ou non.
Etienne pour RCF Lorraine Meuse
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