Lundi 17 mars 2025, la Commission Nationale du Débat Public a rendu son rapport sur la construction d’une paire de réacteurs nucléaires EPR2 à Gravelines. Après 4 mois d’échanges avec les habitants, elle livre ses conclusions au grand public et ses recommandations à EDF et RTE maîtres d’ouvrages.
Comment installer deux réacteurs nucléaires nouvelle génération, au cœur de l’actuelle Centrale nucléaire de Gravelines ? Cette interrogation était au centre des débats ces derniers mois. Le projet d’implantation de ces deux réacteurs à l’horizon 2038 va profondément modifier le territoire du Dunkerquois et soulève de nombreuses inquiétudes.
La santé et l’environnement : deux enjeux majeurs du projet
A l'occasion de 45 rencontres, la Commission s’est entretenue avec la population vivant dans un rayon de 20km autour de la centrale nucléaire. Il s'agissait de répondre à ses questions et de recueillir ses inquiétudes. Son garant Luc Martin précise quelles thématiques sont régulièrement revenues :
La santé a été un sujet très présent à différents moments de ce débat notamment pour le personnel qui travaille dans les centrales, pour les personnes qui vivent à proximité mais aussi concernant le réseau de santé du territoire qui est insuffisant.
La submersion marine a été également au cœur des inquiétudes des participants, appuyées par une étude approfondie menée par l’association Greenpeace, présentant les risques d’élévation de la mer pour la Centrale nucléaire. « Selon EDF, les nouveaux réacteurs seront à une cote NGF (NDRL : nivellement général de la France) de 11 mètres au-dessus de la mer. Les associations environnementales estiment que ce chiffre est insuffisant » explique Luc Martin.
D’autres questionnements ont nourri le débat lors des concertations avec le public : coûts du projet, impacts sur l’emploi local, transport des marchandises. « L’objectif est d’informer et d’essayer de répondre aux questions du public » assure Luc Martin. Une trentaine de recommandations ont aussi été adressées aux maîtres d’ouvrages afin de clarifier certaines interrogations.
Essayer de toucher tous les publics
C’est un projet titanesque qui, au-delà de bouleverser le paysage, pourrait aussi impacter le quotidien et le cadre de vie des Dunkerquois. « On a essayé de toucher les publics les plus éloignés. Nous sommes allés sur les marchés, à l’institution des Papillons Blancs mais aussi à la prison de Dunkerque pour rencontrer des détenus volontaires », indique Luc martin. Le président du débat public le rappelle : « Il est important que le public s’approprie les risques, les dangers et les évolutions du projet ».
Le débat a été aussi scruté par les associations régionales, comme EDA, Environnement Développement Altenatif, qui par ailleurs participe à de nombreuses commissions au sein de l’ASN, l’Autorité de sureté nucléaire, et de l’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Sa vice-présidente Anita Villers souligne deux points absents du débat :
L’ensemble du chantier va énormément produire de CO2, on est loin d’une électricité décarbonée. Par ailleurs, n’ont pas été évoqués tous les déchets nucléaires liés au fonctionnement des EPR2. C’est une question éthique par rapport aux générations futures.
Le maître d'ouvrage EDF RTE a maintenant 3 mois pour répondre et faire évoluer ou non le projet, qui reste à convaincre. La Cour des Comptes en janvier 2025 via son rapport « La filière EPR : une dynamique nouvelle, des risques persistants », soulignait en effet les difficultés d’EDF à structurer la filière pour assurer la conception et la construction des EPR et à finaliser le financement du projet. Si le projet se poursuit, une enquête publique sera ensuite menée, avant toute autorisation administrative. L'intégralité du rapport est disponible sur debatpublic.fr
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