Le temps des vacances, sortir d'un quotidien rendu difficile par l'âge et la précarité. À Cabourg, l'association Les Petits frères des pauvres héberge Gisèle, Robert, Jean-Pierre, Christiane, Marie... "On accueille chaque personne âgée en lui reconnaissant sa valeur unique et irremplaçable." Reportage.
Gisèle, Robert, Jean-Pierre, Christiane, Marie sont partis voir la mer à Cabourg. Pour certains, cela faisait si longtemps qu'ils ne savent plus à quand remontent leurs dernières vacances. À plus de 50 ans, ils passent quelques jours au Grand Balcon, un ancien hôtel qui appartient à l'association Les Petits frères des pauvres depuis 1957. Et même si Christiane, 91 ans, ne peut pas se baigner, elle apprécie de sortir et de regarder la mer, accompagné par son bénévole référent. Des petits bonheurs simples qui font tenir et redonnent espoir.
"C'est pas parce qu'on est une personne âgée qu'on n'a pas le droit aux vacances", affirme Sophie Le Prieur, responsable d'établissement au Grand Balcon. Un bâtiment qui fait partie des "châteaux du bonheur", ces maisons de vacances pour personnes âgées démunies, à l'initiative d'Armand Marquiset, le fondateur des Petits frères des pauvres. Grande figure de l'histoire sociale du XXe siècle, il défendait "les vacances pour tous". Quelques jours pour sortir d'un quotidien rendu difficile par l'âge, la maladie, la dépendance et la précarité.
Au centre de Cabourg, le Grand Balcon est un ancien hôtel à l'architecture typique de la côte normande. Entièrement restauré et géré par les Petits frères des pauvres, il comprend 20 chambres de grand confort. "On accueille chaque personne âgée en lui reconnaissant sa valeur unique et irremplaçable, explique Sophie Le Prieur, c'est vraiment ce qui crée la spécificité des Petits frères des pauvres parce qu'on adapte notre accueil aux groupes qui viennent au sein de nos maisons."
L'aide de bénévoles est essentielle pour assurer ces vacances, qui représentent une organisation importante en amont. Aide-soignante à la retraite, Gabrielle travaille bénévolement pour le plaisir de prendre le temps avec les personnes âgées. "On connaît ce qu’ils vivent en Ehpad. Du coup, on les laisse se lever tard, ils prennent le petit déjeuner à leur rythme."
Seul un soutien durable peut rompre l’isolement et entretenir les facultés physiques et intellectuelles de nos aînés. En France, 300.000 personnes de plus de 60 ans sont en situation de mort sociale selon une étude menée par Les petits frères des pauvres. Des personnes qui ne rencontrent quasiment jamais, ou très rarement, d'autres personnes, tous réseaux confondus (familial, amical, voisinage, réseau associatif).
Les personnes âgées de plus de 50 ans sont de plus en plus nombreuses à frapper à la porte des associations caritatives pour passer du bon temps ou rencontrer des gens. Elles seraient deux millions de plus qu'en 1998. Une précarisation grimpante notamment pour les femmes qui ont souvent des retraites minuscules, après avoir travaillé aux côtés de leur mari sans être déclarées (agricultrice, commerçante, profession libérale etc.).
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