En septembre 2021, des scientifiques issus de plusieurs disciplines révélaient dans la revue Global change biology que "si nous ne parvenons pas à enrayer le réchauffement climatique, les 500 prochaines années et au-delà modifieront la Terre d’une manière qui remettra en cause notre capacité à maintenir de nombreux éléments essentiels à notre survie". Un an plus tard, et alors que la COP27 se déroule en ce moment en Égypte, nous nous sommes demandés si la Terre pouvait être hostile à l’homme. La réponse pourrait se trouver dans plusieurs passages de la Bible.
Personnage central, la Terre est mentionnée régulièrement et dès le début de l’Ancien Testament. Si Dieu l’a créée pour qu’elle soit abondante et serve les besoins de l’Homme, elle devient très vite "actrice", analyse le père Bernard Klasen, prêtre dans le diocèse de Boulogne-Billancourt et professeur de philosophie à l’institut catholique de Paris. "Elle n’est pas passive : elle crie, elle vomit l’homme. C’est la Terre qui se révolte contre l’homme", analyse-t-il en évoquant deux épisodes bibliques : le Déluge (voyant que l’homme ne pense qu’au mal, Dieu décide de l’effacer de la surface de la terre avec tous les animaux. Une pluie violente s’abat alors pendant 40 jours) ainsi que le meurtre de Caïn par son frère Abel. "L’homme a fait boire le sang du meurtre à la terre, elle en est écœurée. Elle était généreuse et dorénavant elle sera hostile. Elle ne donnera plus sa vigueur alors qu’elle était toute disposée à partager avec l’homme, sa fécondité et sa force", commente-t-il.
Pour le père Bernard Klasen, ces multiples épisodes de l’Ancien Testament nous enseignent une chose : "Ce sont les injustices à l’encontre de la terre et entre nous qui dégradent la terre." Un constat qui s’observe encore aujourd’hui avec le réchauffement climatique dû à l’activité humaine. "C’est dit dans le Laudato Si', rappelle le directeur du centre pour l’intelligence de la foi (Cif), nous avons traité la terre comme un frigo, comme si c’était juste une réserve de minerais, d’eau et qu’on en disposait à notre gré. Mais non, ni les arbres, ni l’eau, ni l’air, ni la mer ne sont à notre disposition. Nous en sommes juste les gardiens."
Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas se servir des ressources de la Terre, simplement qu’il faut "apprendre à les respecter", d’après le professeur de philosophie, qui estime que "nous aurons à rendre des comptes". Comme l’entend le chapitre 11 de l’Apocalypse : "Le temps est venu de juger les morts, de récompenser tes serviteurs les prophètes... et de détruire ceux qui détruisent la terre."
Le réchauffement climatique n'est pas pour autant châtiment de Dieu, assure celui qui ne croit pas en la collapsologie (pensée qui envisage l’effondrement de la civilisation). "Ce n’est pas Dieu qui a pollué le monde, c’est nous. Ce n’est pas Dieu qui fait les sécheresses auxquelles il va falloir s’habituer, c’est nous. Donc Dieu ne punit pas, ce n’est pas son genre. Il continue à nous attirer vers ce qu’il y a de plus grand, de plus beau", affirme le prêtre des Hauts-de-Seine, qui croit en l’appétence de l’Homme pour le bien et espère donc qu’il agisse vraiment contre le dérèglement climatique.
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