Inondations, incendies, transformation du vignoble, recul du trait de côte : les paysages de la Gironde sont directement concernés par les effets du changement climatique. Alexandre Humbert, responsable de l'expertise en paysage du Département de la Gironde, nous éclaire sur ces évolutions au micro de RCF Bordeaux.
Alexandre Humbert, expert de la transformation des territoires girondins fait l’état des lieux des transformations de notre département avant de nous conseiller sur les actions réalisables pour adapter nos comportements face au réchauffement climatique. Alexandre Humbert est partisan d’une prise de conscience écologique collective et d’une confiance immuable envers la Nature.
Ce n’est plus une surprise, le réchauffement climatique touche la planète depuis plusieurs dizaines d’années et les conséquences concrètes de ce réchauffement sont maintenant directement observables chez nous, en Gironde.
Les précipitations records au printemps 2024, mais aussi la sécheresse de l’été 2022 qui a conduit aux impressionnants incendies forestiers, ou encore le recul du trait de la Côte d’Argent, sont autant d'événements climatiques qu’Alexandre Humbert observe depuis leurs prémices. Tout comme les girondins, il voit les cépages des vignes changer, des parasites apparaitre, des espèces de plantes se raréfier, l’océan avancer à Lacanau et les incendies se multiplier.
Mais l’expert en paysage tient à apporter des précisions sur ces phénomènes. S’agit-il d’une destruction ou d’une transition ? Alexandre Humbert nous explique qu’il s’agit en réalité des deux à la fois. Selon son étude, les paysages sont la conjonction de deux éléments : des éléments naturels évoluant sur le temps long et de l’Homme, qui lui, modifie le territoire pour répondre à des enjeux court termistes. La transformation des paysages est donc un phénomène naturel dans l’histoire de la Terre mais ces transformations opéraient jusqu’alors sur une échelle bien plus grande que celle d’une vie humaine. Le problème aujourd’hui ce n’est donc pas le réchauffement climatique mais bien l’ “accélération” du réchauffement dont l’être humain est l’unique responsable.
Alexandre Humbert invite ni à s’alarmer, ni à relativiser. Il considère autant les interventions protectrices et techniques, comme l’installation de rochers faisant barrage à l'avancée des eaux à Lacanau, que “le faire avec la nature”. C'est-à-dire non pas lutter mais accompagner les changements.
Alexandre Humbert commence par évoquer les mesures prises par le département face au changement climatique avant de nous conseiller sur l’aide que chaque citoyen peut apporter individuellement à cette cause.
Au sein de la Gironde, une mission nommée Amenago a pour objectif d’orienter l’aménagement urbain vers une conscience écologique. Concrètement, cette mission permet d’éviter de construire en zone inondable, d’éviter d’artificialiser les zones humides ou encore de gérer les stocks d’eau qui sont remplis en hiver mais totalement vides en été.
Cependant, Alexandre Humbert insiste sur le fait que le département n’est pas le seul acteur de la transition écologique. Le rôle du département est avant tout d’être le “fédérateur des problématiques” nous dit-il. Chacun, de l’habitant d’un village qui plante une haie pour sa clôture, jusqu’aux associations et en passant par les maires qui proposent de nouveaux aménagements urbains pour leurs communes, tout le monde joue un rôle dans le maillage des actions écologiques possibles.
Le paysage est, en quelques sortes, une oeuvre collective, on est tous acteur de notre territoire.
A l’échelle individuelle, Alexandre Humbert invite à prendre davantage en compte le vivant. La protection des arbres est notamment un levier qui lui tient à cœur. Il rappelle que ce sont des antennes à carbone, des habitats pour les insectes, et des sources de fraîcheur pour l’Homme.
En s’inspirant d’une intervention de Jacques Rancière sur le plateau de TV 5 Monde en 2020 qui disait que “le jardin doit d’abord être un modèle de coexistence” et non un espace extrêmement bien maitrisé et ordonné, Alexandre Humbert conclut que la limitation de l’intervention voire la non-intervention humaine est une solution en soi. L’être humain a tendance à vouloir agir, mais “les dynamiques naturelles font qu’il n’est pas toujours nécessaire d’agir”.
L’intervention d’Alexandre Humbert au micro de RCF Bordeaux permet de diffuser une nouvelle vision de l’engagement écologique, plus douce et plus humble, questionnant ainsi la place de l’Homme dans la vaste et puissante Nature qui l’entoure.
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