Référente à l'écologie intégrale du diocèse de St Flour (Cantal), Cécile Vacher s'engage pour la protection de l'environnement depuis toujours. En 2005, elle a compris que cet engagement comportait une dimension spirituelle et avait à voir avec sa foi chrétienne. Dès lors, elle a voulu sensibiliser son église à ce lien et mobiliser les chrétiens autour d’elle pour la sauvegarde de la création. Et en 2015, l'encyclique Laudato Si est venu valider cette conviction que protéger la création était une affaire de foi.
La rencontre avec Cécile Vacher a lieu en janvier 2024 à l'écocentre spirituel jésuite du Châtelard à Francheville près de Lyon. Nous sommes à la veille d'une rencontre de 2 jours à laquelle vont participer une quarantaine de personnes venues de toute la France : des "référents à l'écologie intégrale" des diocèses et des membres d'équipes chargés de l'écologie au sein de ces mêmes diocèses. Cécile Vacher est l'une chevilles ouvrières de la rencontre. Elle est elle-même REI (référente écologie intégrale) du diocèse e Saint-Flour dans le Cantal. Au micro d'Anne Kerléo, elle témoigne de son engagement pour la création pour l'émission Commune conversion sur RCF.
Bien avant 2005, Cécile est sensible à l’écologie, et même engagée pour la défense de l’environnement. Un héritage venu de loin : "j’ai semé des radis dans le jardin de ma grand-mère quand j’étais petite". Elle suivait alors à la lettre les conseils donnés dans "Les belles histoires de pomme d’Api" Elle grandit et à l’heure des choix d’orientation elle opte pour un Bac D "autour des sciences" et commence à entrer de manière plus conscience dans les enjeux environnementaux : "j’avais une prof de sciences qui portait déjà ces sujets d’écologie". Petit à petit elle s’engage, mais pour elle "c’était vraiment une question citoyenne". C’est la fin des années 80 et elle est attentive aux questions du moment : "comment la pollution prend trop de place sur notre planète, comment on gère l’eau, comment on gère nos déchets".
C’était compatible avec ma vie de foi, mais ce n’était pas nourri l’un par l’autre
A cette époque, Cécile Vacher ignore qu’une parole de l’Eglise existe déjà à propos de la relation de l’être humain avec le monde qui l’entoure. "C’était compatible avec ma vie de foi, mais ce n’était pas nourri l’un par l’autre", se souvient-elle. Mais en 2005 tout change. Elle est sollicitée pour accompagner des jeunes aux Journées mondiales de la jeunesse à Cologne, en Allemagne. Et au même moment elle découvre dans le journal de l’APEL (Association de parents d’élèves de l’école libre) des extraits de textes de papes sur la question environnementale. Alors elle se documente sur ce que les Allemands mettent en place en matière d’environnement pour les JMJ. Et là, surprise ! Elle raconte : "je trouve une liste de choses incroyables, avec non seulement la manière dont ils s’engagent mais aussi pourquoi ils le font. Et c’est au nom de leur foi".
Elle veut approfondir ce lien qu’elle découvre entre foi et engagement écologique. Elle rejoint alors "un atelier de la communauté vie chrétienne (CVX) qui s’appelait Chrétiens co-responsables de la création". Un lieu pour approfondir les fondements et pour se soutenir. "Je découvre, raconte-t-elle, que si l’humanité est porteuse de cette co-création il y a une responsabilité supplémentaire. Et que quand on parle de fraternité c’est aussi le lien avec ce que je laisse pour les autres qui viendront après moi, ce que je laisse pour ceux qui habitent loin mais avec qui je suis dans l’interdépendance pour ma vie du quotidien". Cette prise de conscience lui donne envie d’aller "secouer" ses frères et sœurs catholiques. Parce que désormais elle est convaincue qu’en tant que chrétien, "on a une raison de plus" de s’engager pour la protection de la planète.
Alors elle va voir son curé et lui dit : "qu’est-ce qu’on fait nous sur ce sujet ?" Réponse : "en quoi ça nous concerne ?" Et Cécile du tac au tac : "Compendium chapitre 10". A l’atelier de CVX, elle a découvert qu’il y avait dans le compendium de la doctrine sociale de l’église (ouvrage de référence qui rassemble d'une manière systématique les points fondamentaux de la doctrine catholique concernant la vie sociale) un chapitre consacré aux questions environnementales. Et la porte s’ouvre : le curé et Cécile organisent ensemble la première fête de la création dans leur paroisse du Cantal. Depuis lors, cette fête ne s’est jamais arrêtée, elle a lieu tous les ans en septembre.
En 2015, Cécile Vacher accueille avec bonheur l’encyclique Laudato Si du pape François. Elle attendait impatiemment ce texte annoncé, qu’elle a acheté dès sa sortie et lu aussitôt. "C’était un régal, se souvient-elle, parce que c’était un texte vraiment abordable. J’ai été réjouie de lire ce document en me disant : c’est vraiment le rapport du GIEC au début, c’est la parole des scientifique dont il se fait l’écho". Et elle se sent confortée, légitimée dans son engagement : "ça a rassuré ceux qui portaient ces questions sans trouver d’écho dans leurs paroisses et leurs diocèses, de dire : vous voyez, on n’était pas à côté de la plaque, c’est vraiment un sujet pour nous et il ne faut pas qu’on le laisse passer parce que c’est vraiment un sujet d’avenir et de présent aussi".
Comment rendre désirable ce projet de vivre ensemble moins gourmand ?
Pour autant, l’encyclique sur l’écologie n’a pas "tout fait basculer". Loin de là. A tel point que 8 ans plus tard, fin 2023, le pape François publie un nouveau texte, l’exhortation apostolique Laudate deum. Selon Cécile Vacher, à travers ce texte François dit : "ça fait 8 ans que j’ai écrit ce texte, qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que vous compreniez ?" Et elle décrypte : "ça veut bien dire qu’on est d’accord intellectuellement mais qu’on n’est pas tous passé aux actes dans notre conversion". Pour elle, "pour l’instant la bascule n’est pas à la hauteur des enjeux". Et la grande question est la suivante : "comment est-ce qu’on rend désirable ce projet d’un vivre ensemble moins gourmand ?" Et chaque jour elle s’emploie à y apporter, de manière concrète, des éléments de réponse.
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