Emmanuel Macron a-t-il été le "président de l'inaction climatique" comme le dit Yannick Jadot ? Ou bien l'homme fort du "Make our planet great again" ? Entre espoirs et déception, que retenir de son mandat en matière d'écologie ?
"Vous resterez le président de l’inaction climatique", a déclaré Yannick Jadot à l’adresse d’Emmanuel Macron ce mercredi 19 janvier à Strasbourg. Une critique formulée à l’issue du discours du président devant le Parlement européen pour inaugurer la présidence française de l’Union européenne. Des propos forts. Emmanuel Macron avait pourtant affiché au début de son quinquennat une ambition climatique forte. On se souvient de son slogan "Make our planet great again"("Rendre sa grandeur notre planète"), lancé aux habitants des États-Unis le 1er juin 2017 suite à la décision de Donald Trump de quitter l’accord de Paris.
Le candidat de 2017 avait annoncé dans son programme "une rupture profonde avec le modèle productif existant". Et fait de nombreuses promesses en matière d'écologie, telles que : fermer les centrales à charbon, ne pas délivrer de nouveaux permis d’exploitation d’hydrocarbures, interdire la location des passoires énergétiques, accélérer le déploiement des véhicules électriques, mettre en place une taxe carbone, interdire les perturbateurs endocriniens les plus dangereux, introduire au moins 50% de produits biologiques, labels de qualité ou locaux dans la restauration collective, interdire les néonicotinoïdes, le glyphosate et l’élevage de poules en cage, en finir avec le plastique à usage unique, limiter la publicité ou encore diverses mesures en faveur de la biodiversité…
Le gouvernement a fait quand même beaucoup plus que tous les gouvernements précédents, en revanche c’est pas à la hauteur des enjeux
En matière d'écologie, on ne peut pas être manichéen tant le terme peut renvoyer à différents points : lutte contre le réchauffement climatique, développement durable, protection de la biodiversité, etc. "C’était très compliqué d’organiser ce bilan", admet Pascal Greboval, dont le magazine Kaizen qui publie dans son numéro de janvier-février 2022, le dossier : "Emmanuel Macron, quel bilan écologique ?". Bilan organisé en huit grandes thématiques : agriculture-alimentation, climat, habitat, mobilité, consommation, énergie, santé et biodiversité.
"L’écologie c’est une vision holistique, systémique : comment conjuguer une vision holistique et des points techniques ? C’est un exercice difficile d’un point de vue journalistique." La rédaction de Kaizen conclut toutefois à un bilan mitigé : "Le gouvernement a fait quand même beaucoup plus que tous les gouvernements précédents, en revanche c’est pas à la hauteur des enjeux."
Il y a eu la loi EGalim, la loi sur les mobilités, la loi sur l’économie circulaire et l’anti-gaspillage, la loi climat et résilience, comme le rappelle Laurence Maillart-Méhaignerie, députée (LREM) d’Ille-et-Vilaine et présidente de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale. Pour elle, cette dernière, "la loi climat et résilience traduit les propositions de la Convention citoyenne pour le climat". Certains au contraire disent "trahit" plutôt que traduit...
Il ne faut pas réduire l'action d'Emmanuel Macron à la Convention citoyenne pour le climat, mais celle-ci a suscité autant d'espoirs que de déceptions, semble-t-il. Alors Emmanuel Macron a-t-il respecté la Convention citoyenne ? On a beaucoup évoqué le décalage entre la traduction "sans filtre" annoncée par le président des propositions de la convention citoyenne et la traduction effective.
"Sur 149 mesures, il y en a 71 qui sont en cours de mise en œuvre et 75 qui sont déjà mises en œuvre", précise Laurence Maillart-Méhaignerie. Mesures recensées sur le site du ministère de l’Écologie, mais pas seulement : le site de la Convention citoyenne ou du journal Le Monde tiennent aussi ce décompte. "Pour le gouvernement c’est parfait, pour Le Monde c’est un peu moins parfait, pour la Convention citoyenne, c’est inacceptable", observe Pascal Greboval.
"Emmanuel Macron avait dit à Cyril Dion que ça serait « sans filtre » et on s’aperçoit qu’il y a eu quand même beaucoup de filtres, ajoute le rédacteur en chef de Kaizen, quand un politique de la teneur du président de la République prend une parole, qu’il n’y ait pas l’engagement respecté ça me pose une question, surtout sur l’aspect écologique." Pascal Greboval conclut à des mesures "en-deçà de ce que proposait la Convention citoyenne".
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