À l'heure du bilan du quinquennat Macron et du choix d'un nouveau président de la République et d'une nouvelle majorité, François Mandil interroge la conscience écologique des citoyens : sommes-nous réellement prêts à un changement profond ?
Il y a une différence importante entre action écologique et action climatique. Je cite souvent l’exemple de saint François d’Assise, qui n’avait pas besoin de vivre sous la menace des changements climatiques pour être écologiste.
L’écologie, c’est placer l’harmonie des relations entre les humains et leur environnement en priorité. Le productivisme, qui est le contraire de l’écologie, c’est de placer la consommation, l’argent, la richesse matérielle en priorité. On ne peut pas faire les deux à la fois. Le "en même temps" n’est pas possible. "Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent", dit Jésus dans l'évangile de saint Matthieu. On ne peut pas servir à la fois la Création et l’argent pourrait-on dire également.
Pour autant, vous pouvez tout à fait ne pas être écologiste et vous préoccuper quand même du climat. Dans ce cas, la lutte contre la crise climatique devient un obstacle, une difficulté supplémentaire, une contrainte. Ou, pour parler de façon positive, un challenge nouveau à relever. Un peu comme les guerres mondiales qui, en accélérant l’innovation technologique, ont été des challenges pour un certain nombre d’industries. Lutter contre la crise climatique, cela peut aussi être innover et développer de nouvelles technologies sobres, de nouveaux modes de productions d’énergie…
On peut tout à fait, comme Emmanuel Macron et sa majorité, ne pas être écologiste et avoir quand même une action climatique dont il faut tirer le bilan…
Je rappellerais juste une chose : l’État français a été condamné deux fois par la justice pour son inaction climatique. Le gouvernement ne met pas les actions nécessaires en œuvre. Et ce ne sont pas de dangereux activistes écolo-décroissants à cheveux longs et en sandales qui le disent, mais la justice. Et je pense qu’il est important de rappeler que cela reste toujours les citoyens et citoyennes qui ont le pouvoir au bout de leur vote.
Et plutôt que de faire moi-même ce bilan, je voulais évoquer ma propre petite expérience d’élu local et de militant politique. Faire de la politique, c’est rechercher en permanence du compromis, c’est négocier tous les jours. Quand vous écrivez votre programme, il faut trouver l’équilibre entre la société à laquelle vous aspirez profondément, les objectifs qui vous semblent atteignables sur un mandat… et les objectifs qui vous semblent acceptables par les électeurs et électrices.
Car au final, c’est bien le vote qui décide. Et si les Français et Françaises étaient réellement, profondément, prêtes et prêts à changer profondément pour faire face à la crise climatique, les programmes des candidats et candidates à la présidentielle et aux législatives, seraient bien plus engagés, et ce serait bien l’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité qui seraient au cœur de tous les débats. Alors certes, le bilan d’Emmanuel Macron et de sa majorité sur le plan climatique est mauvais, très mauvais. Mais j’ai peur, hélas, que ça n’empêche pas grand monde de dormir.
Jeunes de la "génération climat", Alexandre Poidatz et Stacy Algrain livrent en alternance, chaque semaine, leur regard sur l'écologie et leurs clés pour changer le monde.
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