Ils s'appellent Chaïnesse, Alain ou encore Ridwan et ils se retrouvent associés d'une entreprise pendant sept semaines alors que rien ne les y prédestinaient. Comme 38 autres jeunes de 18 à 30 ans en recherche d'un emploi ou d'une alternance, ils ont rejoint Vaulx Incroyables Talents.
« Être remis sur les rails » de l'emploi ou de la formation : c'est l'objectif des Entreprises Éphémères dont l'une a ouvert le 23 avril à l’École Nationale des Travaux Publics d’État (ENTPE), l’école d’ingénieurs à Vaulx-en-Velin. Labellisé par France Travail et soutenu par la Préfecture du Rhône, le concept se développe en partenariat avec la Mairie de Vaulx-en-Velin, la Mission Locale, la Maison Métropolitaine d’insertion pour l’emploi (MMIE) et l’ensemble des acteurs locaux tel que
Handi Lyon Rhône.
Né dans le Sud de la France, le dispositif accueille jusqu'au 7 juin une quarantaine de jeunes de moins de trente ans à la recherche d'un emploi, d'une formation ou d'une alternance. Ensemble, ils s’organisent et se répartissent les tâches d'une entreprise (prospection commerciale, recherche d’offres d’alternants et d’emploi, ressources humaines, communication, web, etc.). « Dans un premier temps, on va identifier les métiers de chacun et selon les métiers - et pas que - on nous propose des postes et on peut choisir de rejoindre les services qui nous intéressent » détaille Chaïnesse Djenane, l'une des associées. Elle a connu le dispositif via l'association d'insertion professionnelle Sport dans la Ville, qu'elle fréquente à Vaise. La jeune femme recherche une entreprise pour suivre son alternance d'un an dans le marketing digital alors qu'elle a déjà trouvé l'école pour son bachelor. C'est donc naturellement qu'elle a rejoint le service communication de l'entreprise éphémère vaudaise.
Dans cette entraide pour trouver un emploi, ils sont accompagnés par trois coachs qui leur apprennent à identifier les forces de leur profil. Entraînés et motivés, ils se présentent alors à des entretiens avec des entreprises qui recrutent et qui, chaque matin, viennent à leur rencontre lors d'Open Job. « L'idée en fait, c'est de faire "la" rencontre, de faire rencontrer ces jeunes avec des entreprises » appuie Stéphanie Rousseau, l'une de ces trois coachs.
BTP, industrie, transports... de grands groupes comme des PME locales ont déjà rendu visite aux associés vaudais. Et ça marche. Trois des participants ont déjà quitté l'Entreprise Éphémère après avoir accepté une offre proposée dans le cadre du dispositif. « Et c'est le but, qu'ils s'en aillent avant la fin ! » se réjouit Stéphanie Rousseau avant de pointer l'importance de sa mission de coach auprès des jeunes : « on travaille beaucoup le pitch et on les aide à valoriser leurs compétences, leurs savoir-être, on les entraîne aux entretiens de recrutement. On les aide à retrouver confiance en eux ». Pour Chaïnesse, l'intérêt de la démarche réside dans le fait « qu'ils nous mettent directement dans le bain du travail ».
Alain Telef a choisi de rejoindre le pôle « call » de l'Entreprise Éphémère car il recherche un poste de téléconseiller. « Il y a beaucoup d'avantages à rejoindre cette structure, on nous aide beaucoup : à créer son CV, à savoir parler, savoir pitcher » reconnaît le jeune homme passé auparavant par des postes de barman et de paysagiste. S'il ne savait pas comment présenter son CV, les coachs lui a appris à miser sur ses savoir-être. « Savoir se présenter, c'est essentiel donc on mise beaucoup sur ce travail là » appuie Stéphanie Rousseau : « on est là à côté d'eux, on ne fait pas pour eux. L'idée c'est qu'ils fassent en autonomie et qu'ils gagnent les bons réflexes pour trouver une entreprise. Nous sommes des révélateurs, pour eux, de talents, de compétences et d'atouts parce que tous ces jeunes sont plein de talents et de compétences et parfois ne savent pas mettre des mots dessus ».
Après des études en électricité, Ridwan Bouslama cherche à se reconvertir dans le commerce et la vente. Avec des profils aussi atypiques que le sien, il est essentiel de casser les codes classiques du recrutement. « L'idée, c'est de recruter autrement et que l'entreprise accueille le jeune même sans CV. Derrière un CV, il y a un homme, une femme, il y a des compétences, des savoir-être, et c'est sur tout cela que l'on mise à l'entreprise éphémère. On veut passer outre le CV, on compte sur la rencontre, l'échange : le recruteur vient chercher des talents et il en trouve » assure Stéphanie Rousseau. Pour Ridwan, l'important pour se vendre est de « savoir qui on est vraiment, ce qu'on peut apporter à l'autre et ce qu'on peut faire ensemble. On doit prendre conscience que ce qu'on a, on l'a en nous et il faut savoir comment le mettre en avant ».
D'autres entreprises peuvent toujours rejoindre la Junior Entreprise Ephémère de Vaulx-en-Velin pour des Open Job. Tous les secteurs d'activités peuvent être représentés. Sur les trois Juniors Entreprises Éphémères lancées depuis 2022, dont une à Vénissieux, plus de 80 % des jeunes ont trouvé un emploi ou une alternance dans les 6 mois qui ont suivi l’aventure. Depuis 2017, plus de 45 Entreprises Éphémères ont vu le jour en France métropolitaine.
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