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Jeux paralympiques : comment ont-ils trouvé leur place à côté des JO ?

Un article rédigé par Anthony Bordes - RCF, le 20 février 2024 - Modifié le 30 août 2024
Je pense donc j'agisJeux paralympiques : comment ont-ils trouvé leur place à côté des JO ?

En 2024, pour la première fois de son histoire, Paris accueillera les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre. Pendant 12 jours, le monde entier célébrera les performances d’athlètes confrontés au handicap : sportifs à mobilité réduite, amputés, aveugles et paralysés cérébraux. Comment sont nés ces Jeux Paralympiques ? Peuvent-ils favoriser l’inclusion sociale ? Quels enjeux pour l’édition parisienne ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.

Photo d'illustration © Kampus / PexelsPhoto d'illustration © Kampus / Pexels

Les jeux paralympiques sont bien installés dans la société aujourd’hui et sont des évènements reconnus. Ils ont pourtant pris du temps à s’intégrer, rejoignant tardivement les épreuves olympiques. Aujourd’hui vu comme un levier d’inclusion sociale, le paralympisme souffre encore de stéréotypes. 

La belle histoire des Jeux paralympiques

Le jour de l’ouverture des Jeux olympiques de Londres en 1948, le neurochirurgien Ludwig Guttmann a l’idée d’organiser une compétition sur le terrain de l’hôpital Stoke Mandeville, à Aylesbury. Une trentaines d’archers paraplégiques s’affrontent dans des jeux qui étaient d’abord destinés à réhabiliter leur pratique physique. Le neurochirurgien avait créé sans le savoir un nouveau mouvement sportif. C’est à partir de cet événement que commence un mouvement d’intégration de nouveaux publics. “C’est une mobilisation du public exclu de l’olympisme”, affirme Sylvain Ferez, maître de conférences à l’université de Montpellier.

L'événement reste marginal pendant quelques années mais se développe. À Rome en 1960, se déroulent les premiers jeux d’été para-olympiques. Comme l’explique Sylvain Ferez, ces jeux ne concernent que des athlètes paralysés mais ils offrent une occasion idéale pour créer le Groupement International d’Étude des Sports pour Handicapés (GIESH). "La naissance de ce groupement va ensuite conduire à la création de l’International Sports Organisation for the Disabled (ISOD), en 1964", selon le maître de conférences. 

Le Comité International Paralympique (IPC)  est créé bien plus tard encore, en 1989. C’est à cette date que les jeux paralympiques intègrent officiellement le mouvement olympique. "Depuis que ce comité existe, paralympisme et olympisme sont sur un même pied d’égalité”, déclare Sylvain Ferez. Des Jeux Paralympiques qui se sont développés doucement, mais sûrement. 

Jeux paralympiques : levier d'inclusion sociale

Les objectifs du paralympisme sont nombreux. Tout d’abord, transformer le regard sur le handicap en sensibilisant les plus jeunes générations ainsi que donner l’occasion à des athlètes en situation de handicap de se dépasser physiquement et de réaliser des performances comparables à celles des athlètes olympiques. Les Jeux apportent des changements dans l’approche en matière d’inclusion sociale dans les pays où ils se déroulent.

Une aubaine pour les athlètes handicapés : Benoît Hervieu-Léger, chef de rubrique de la Revue Projet, explique qu’ils ont longtemps souhaité un processus de détachement de la tutelle médicale. "Ils ne veulent plus seulement être perçus comme des infirmes, mais être traités sur un même pied d’égalité".  Les Jeux paralympiques de 2008 à Beijing en Chine illustrent l’influence qu’ils peuvent avoir sur la société. L'événement a changé l’approche et l’attitude des Chinois quant au handicap, alors qu’il y a quelque 83 millions de personnes handicapées dans le pays.

 

Je pense donc j'agisJeux paralympiques : comment ont-ils trouvé leur place à côté des JO ?

Le paralympisme, encore trop stéréotypé ? 

Malgré l’essor du paralympisme ces dernières décennies, cette catégorie souffre encore de stéréotypes. Les compétitions sont encore trop dissociées des Jeux olympiques. Et depuis leur création, les Jeux paralympiques ont toujours eu lieu après la fin des JO. Ils s’étalent aussi sur une période plus courte : en 2024, les Jeux Paralympiques vont durer 12 jours contre 16 jours pour les Jeux Olympiques. Par ailleurs, les athlètes mis en avant sont souvent ceux aux handicaps physiques alors que ceux aux handicaps moins visibles sont peu représentés. 

Benoît Hervieu-Léger fait la critique du préfixe "para", faisant référence à un handicap : "Paralympique a quelque chose de réducteur, car un handicap peut prendre beaucoup de formes, pas uniquement la paralysie". Sylvain Ferez prend l’exemple du marketing autour de l’édition londonienne en 2012, ou une mise en scène identifiant les athlètes paralympiques comme des hybrides a mis mal à l’aise le monde paralympique : "Les gens ne s’identifient pas à cela car ces athlètes veulent être des personnes comme les autres, pas des superhéros."

Jeux Paralympiques 2024 : sommes-nous prêts ?

La France est-elle vraiment prête pour accueillir les Jeux paralympiques en 2024 ? Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JO de Paris 2024, souhaite rendre l'événement le plus inclusif possible, pour que les performances des athlètes soient reconnues. Pour Benoît Hervieu-Léger, la question de l’héritage durable de ces Jeux se pose toujours et il est difficile de dire si le discours pathologisant et stéréotypant autour des Jeux Paralympiques sera toujours présent. "Va-t-on attribuer les performances aux athlètes ou aux technologies augmentées ?", s’inquiète Gilles Lecocq, professeur de psychologie à l’Institut catholique de Paris. Sylvain Ferez est plus optimiste. Pour lui, ces Jeux peuvent être une vitrine pour montrer la réalité du handicap : "Les gens n’ont pas idée du type de contraintes vécues tous les jours par ces personnes."

 


JO 2024 : nouveau départ pour la Seine-Saint-Denis ?

Le 26 juillet 2024, les Jeux Olympiques débuteront à Paris. Et pas seulement. Car cet événement pourrait représenter un nouveau départ pour la Seine-Saint-Denis, le 9-3, un département marqué par des difficultés économiques et sociales et une mauvaise image sécuritaire, mais caractérisé aussi par sa jeunesse et sa capacité d’innovation. Écoutez la première partie de l'émission Je pense donc j'agis

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