L'accouchement physiologique, voilà une méthode méconnue et pourtant parfaitement naturelle et ancestrale. Encore marginale en France, elle séduit tout de même quelques femmes. Hélène Goninet, sage-femme et diplômée en sexualité humaine, nous présente les avantages de cette forme d’enfantement et dévoile quelques conseils.
Allongée sur une table, les jambes écartées et les pieds posés sur des étriers en surélevés, voilà comment accouchent la plupart des femmes en France. Huit sur dix ont même recours à la péridurale pour soulager leurs douleurs. Pourtant, ce type d’accouchement n’est pas le plus naturel qui soit. Si bien que certaines femmes font le choix de l'accouchement physiologique, c’est-à-dire que "la femme accouche avec ses propres forces, son corps et sans qu’il y ait d’intervention extérieure", explique Hélène Goninet, auteure de "Journal d'une sage-femme nature - Accueillir la vie autrement" (éd. Mama, 2021).
C’est une façon d’enfanter "qui est là depuis que les mammifères existent". L'accouchement physiologique serait aussi beaucoup plus instinctif et confortable, d’après la spécialiste : "Une femme qui a son premier enfant et qu’on laisse faire, elle va accoucher le plus souvent à quatre pattes, accroupie ou debout." La première posture étant la plus répandue lors des accouchements naturels, elle relève aussi d’une forme d’animalité qu’il serait bénéfique de retrouver, selon la sage-femme, pour être le plus à l’écoute de son corps.
Ayant elle-même expérimenté l'accouchement physiologique, Hélène Goninet connaît bien la sensation que peuvent ressentir les femmes à ce moment-là. "Pour moi, ça a été une expérience incroyable, j’ai découvert de la force et plein de choses dans ma façon d’être avec mon bébé", raconte-t-elle. Accoucher sans péridurale offrirait un sentiment de puissance. Certaines femmes éprouvent à ce moment-là "un plaisir charnel", d’après l’auteure de "L’Enfantement, entre puissance, violence et jouissance - Une dimension méconnue de la sexualité féminine" (éd. Mama, 2016). "Dans cette naissance il y a des femmes qui vivent du plaisir. Parfois [elles] ont des orgasmes, mais il y a plus couramment des sensations très mélangées de plaisir, de douleur et de peur", décrit-elle. Un foisonnement d’émotions qui se transforme en soulagement et qui "peut faire planer complètement certaines femmes" lorsque le bébé naît.
Il y a dans l'accouchement physiologique l'idée qu'il s'agit d'un moment presque "initiatique". "En France, note la sage-femme, il y a beaucoup de peurs et de fausses idées sur la naissance... alors que dans d’autres pays, l’accouchement est beaucoup plus vu comme un processus naturel." Si bien que les interventions telles que les péridurales ne sont utilisées qu’en tout dernier recours. "Mon propos ce n’est pas de vouloir souffrir à tout prix, mais c’est de voir la douleur comme quelque chose qui peut permettre de guider, vers la position dans laquelle on sera le mieux par exemple", affirme Hélène Goninet.
Que l’accouchement physiologique ait lieu dans une maison de naissance, à domicile, avec ou sans l’aide d’une sage-femme, Hélène Goninet invite chaque femme – ainsi que leur entourage - à "avoir confiance dans les capacités qu’ont les femmes à mettre au monde leur bébé". Et même si elle prône un retour à des accouchements plus naturels, la sage-femme n’en dénigre pas moins le rôle des maternités. Dans les cas de grossesses à risque ou si l’accouchement venait à mal se passer, il est important selon elle de pouvoir compter sur elles.
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