Procréation et homosexualité : que dit l'Église catholique ?
En partenariat avec Les Facultés Loyola Paris
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En matière de procréation et de filiation, notre société s'apprête à vivre une véritable révolution. Frédéric Mounier entame avec le père Bruno Saintôt, jésuite, une série de quatre émissions sur "Les nouvelles manières de donner la vie" et les questions bioéthiques qu'elles soulèvent. Une chose est déjà certaine : l'Église ne changera pas sa doctrine. Pour elle, la procréation doit se dérouler à l’intérieur du couple et dans l’acte conjugal lui-même.
En ce mois de décembre, marqué dans le calendrier chrétien par la fête de la Nativité, Frédéric Mounier entame une série de quatre émissions sur les nouvelles manières de concevoir un enfant. Avec le Père Bruno Saintôt, jésuite, directeur du département d’éthique biomédicale du Centre Sèvres à Paris, ils vont faire le point sur toutes les techniques de procréation qui existent aujourd’hui. Et voir quelles réflexions éthiques elles peuvent susciter. "Nous serons souvent sur une ligne de crête, parfois nous serons saisis de vertiges !" prévient Frédéric Mounier.
"Un monde nouveau se configure qu’il s’agit de penser et pas seulement de normer", déclarait le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en 2017. Aujourd’hui la sexualité et la procréation sont dissociées. Il n’est plus besoin de former un couple, homme et femme pour avoir un enfant. Grâce aux nouvelles techniques d’assistance à la procréation, une femme seule, deux femmes ou deux hommes peuvent désormais donner la vie. Il s’agit de situations nouvelles, qui ouvrent la voie à de véritables révolutions, notamment en matière de filiation.
La procréation n’a jamais été un domaine réservé à l’intimité du couple. De tout temps, toutes les sociétés ont établi des systèmes coutumiers et juridiques de structuration et de régulation du mariage et de la filiation. Tout cela a toujours été une affaire de société. Pour Bruno Saintôt, il s’agit de penser tout ce que l’on pourrait appeler "les fonctions parentales". L’anthropologue Maurice Godelier en a relevé sept, que résume ainsi Bruno Saintôt :
- Prendre part à la conception ;
- Élever, nourrir, protéger l’enfant ;
- Instruire et former l’enfant à la vie sociale ;
- Donner à l'enfant un statut dans la société ;
- Exercer sur l’enfant des droits et des devoirs ;
- Pouvoir exercer une fonction d’autorité sur l’enfant ;
- S’interdire d’entretenir des relations sexuelles avec l’enfant - "un élément fondamental des systèmes de parenté repéré partout dans le monde", précise le jésuite.
Sur la base de ces fonctions, les sociétés se sont organisées selon différents systèmes : patrilinéaires, matrilinéaires, etc. "Nos débats sur l’organisation de la filiation sont des débats qu’il faut replacer dans une histoire des systèmes de filiation, considère Bruno Saintôt, quand on regarde toutes les sociétés, il y a de multiples manières d’organiser la filiation, et les droits et devoirs envers l’enfant..."
Pour l'Église catholique, "le fait que la procréation doive se dérouler à l’intérieur du couple et dans l’acte conjugal lui-même, ne bougera pas"
Le Code civil dit que : "La loi assure la primauté de la personne, interdit toute atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l'être humain dès le commencement de sa vie." (Article 16, 1994) Si l’on sait quand commence la vie – dès la fécondation – la question se pose de savoir à partir de quand on doit la respecter. Sur ce sujet, "l’Église catholique a pris une position très ferme", résume Bruno Saintôt.
Au fur et à mesure que les techniques se sont développées, la réflexion de l’Église s’est précisée mais le fond n’a pas changé. C’est sous le pontificat de Pie XII que s’est véritablement développée la bioéthique, "c’est lui qui a donné les premières grandes régulations". À titre d’exemple, la première fécondation in vitro à partir d’un ovocyte humain date de 1944 : dès 1949, Pie XII s’est prononcé sur les techniques de fécondation artificielles.
Puis, en 1987, Jean Paul II a approuvé l’instruction "Donum Vitae" de la Congrégation pour la doctrine de la foi "sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation", coécrite par le futur Benoît XVI. Un texte plus précis est venu par la suite "renforcer les interdits de la Congrégation pour la doctrine de la foi", selon le jésuite. Il s’agit de "Dignitas Personae", publiée en 2008. "On pourrait dire que le magistère précise sa réflexion à partir de l’élaboration de nouvelles techniques mais le fond de l’argumentation sur le respect des personnes, le fait que la procréation doive se dérouler à l’intérieur du couple et dans l’acte conjugal lui-même, ne bougera pas."
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