Les lymphomes non-hodgkiniens sont des cancers complexes du système immunitaire. Explorez les symptômes, le diagnostic, et le parcours de soins avec le Dr Emmanuelle Tchernonog et Jérôme Barthe, représentant de l’association Ellye à Montpellier.
Les lymphomes non-hodgkiniens (LNH) sont des cancers du système immunitaire. Plutôt qu’une seule maladie, ils constituent une famille de pathologies qui se développent à partir des lymphocytes, des cellules du système lymphatique. Pour éclairer cette maladie, nous avons sollicité le Dr Emmanuelle Tchernonog, hématologue spécialisée à l’Hôpital St-Eloi de Montpellier, et Jérôme Barthe, représentant de l’association Ellye.
Le système lymphatique est un réseau complexe de vaisseaux et d'organes essentiel à la défense de notre organisme. « Le système lymphatique joue un rôle crucial dans la réponse immunitaire. C'est un réseau de défense contre les infections, incluant les ganglions lymphatiques, la rate et la moelle osseuse », explique le Dr Tchernonog. Ce réseau assure la circulation de la lymphe, un liquide clair qui transporte des nutriments, élimine les déchets et aide à combattre les infections.
Les lymphomes non-hodgkiniens apparaissent lorsque les lymphocytes deviennent anormaux et prolifèrent de manière incontrôlée. Ces cellules peuvent se regrouper dans les ganglions lymphatiques ou se propager à d'autres organes, comme l’estomac, les intestins ou la peau.
Les symptômes des lymphomes varient selon leur type et leur agressivité. Le Dr Tchernonog précise : « Les lymphomes agressifs se manifestent souvent par une détérioration rapide de l’état général. Les patients peuvent ressentir une perte de poids significative, une fatigue intense, de la fièvre élevée et des sueurs nocturnes abondantes. » Ces formes sont souvent détectées par des ganglions palpables ou visibles grâce à l'imagerie.
En revanche, les lymphomes indolents évoluent plus lentement et peuvent ne pas présenter de symptômes marqués pendant longtemps. « Ils sont parfois découverts fortuitement lors d’examens pour d’autres raisons », ajoute le Dr Tchernonog. Les symptômes courants incluent des ganglions lymphatiques volumineux et indolores, situés au niveau du cou, des aisselles ou de l'aine. D’autres signes peuvent être des gonflements du visage ou des jambes, des douleurs abdominales, ainsi qu’une fièvre persistante et une perte de poids inexpliquée. Les symptômes varient également selon l’organe affecté.
Les causes des lymphomes non-hodgkiniens ne sont pas entièrement comprises. Le Dr Tchernonog explique : « Les lymphomes peuvent résulter de mutations génétiques qui affectent la croissance et la fonction des lymphocytes. Ces mutations peuvent être causées par des facteurs génétiques héréditaires ou des influences environnementales. » Certains facteurs de risque incluent des infections virales chroniques, des antécédents de maladies auto-immunes, ou l’exposition à des produits chimiques et des radiations.
Le diagnostic commence par une consultation médicale où le médecin évalue les symptômes et les ganglions lymphatiques. Si ces derniers persistent sans explication locale, le patient est dirigé vers un spécialiste en hématologie pour des examens complémentaires.
Pour confirmer le diagnostic, plusieurs examens sont réalisés : des analyses sanguines pour rechercher des lymphocytes anormaux et des infections virales, ainsi qu'une biopsie de tissu pour déterminer le type de lymphome. L’étendue de la maladie est évaluée par des examens tels qu'un myélogramme, une ponction lombaire, et divers examens d’imagerie (TEP-scanner, radiographies, échographies, IRM).
Avant d’entamer le traitement, un bilan complet est réalisé pour vérifier que l’organisme peut le supporter. Ce bilan inclut des analyses sanguines, ainsi que des bilans cardiaques, respiratoires et bucco-dentaires pour détecter d'éventuels foyers infectieux et vérifier les fonctions des organes. Le Dr Tchernonog souligne : « Ce bilan pré-traitement est essentiel pour garantir que le patient est prêt à recevoir le traitement et pour adapter les interventions en fonction de la santé globale du patient. »
Jérôme Barthe, représentant de l’association Ellye, partage l’expérience de sa compagne Françoise. « Françoise avait des troubles de la parole qui ont alerté ses proches. Un neurologue a découvert une masse au cervelet, mais le diagnostic initial était celui d’une épilepsie », raconte Jérôme.
Après une biopsie, le diagnostic de lymphome a été confirmé. « Françoise s’est d’abord demandé : « Mais un lymphome, c’est un cancer ?” Nous avons dû affronter cette incertitude », explique-t-il. Françoise a reçu un traitement à l'hôpital de jour à Montpellier, combinant chimiothérapie et thérapies ciblées. « La première cure a été difficile, avec des effets secondaires importants, mais le suivi a été excellent », ajoute Jérôme. Ces troubles intercures ont été rapidement traités grâce à l'interne de garde, et aujourd’hui, Françoise est en rémission avec un suivi prévu dans un an et demi.
Cet engagement a poussé Jérôme à rejoindre l’association Ellye, créée en 2021 à la suite de la fusion de France Lymphome Espoir et SILLC. « Ellye a pour objectifs de contribuer à l'information des personnes atteintes, d’améliorer la connaissance publique de la maladie, de soutenir les patients et leurs proches, et de favoriser la recherche. Nous offrons des forums d’échange entre patients et informons sur les structures médicales disponibles », précise-t-il.
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