The Chosen : la saison 3 de la série centrée sur la vie de Jésus au cinéma
En partenariat avec SAJE DISTRIBUTION
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Injustices sociales, avancées technologiques ou évolution culturelle et sociétale sont autant de thèmes abordés de plus en plus souvent dans les séries télé. Loin de n’être qu'un phénomène de niche, des millions de personnes à travers le monde entier ont accès à ces productions, notamment grâce aux grandes plateformes de streaming. D’où vient cette tendance des séries inspirées de la réalité ou d'un futur proche ? Comment peuvent-elles être utilisées de manière pédagogique ? Peuvent-elles être perçues comme des lanceuses d’alertes ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
Issues d’un style dystopique littéraire, des séries TV s’inspirant de la réalité sont légion. Cependant, les plus modernes et poignantes comme Black Mirror ou La servante écarlate sont de vrais phénomènes de société, abordant avec provocation certaines angoisses de notre monde ou d'un futur proche.
Remise en question, pédagogie ou mise en garde, nombreuses sont les interprétations que l’on peut en faire.
Loin d'un simple divertissement, certains styles de séries comme les dystopies explorent des pans de notre société en exacerbant les peurs et les questionnements. Marine Malet, chercheuse en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Bergen pour le projet de recherche européen Digiscreens, et chercheuse associée au Carism (Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias), donne sa définition : "Les dystopies, à l'opposé des utopies, font écho à des fantasmes et des angoisses de nos sociétés. Elles hypertrophient des dérives pour en faire la critique".
Netflix a propulsé ce genre en même temps que Black Mirror
Cependant, ce style de production n’est pas si nouveau. Céline Bryon-Portet, professeure en sciences sociales à l'Université Paul-Valéry de Montpellier et anciennement maîtresse de conférences HDR en sciences de l'information et de la communication, fait le lien avec des séries plus anciennes, comme Plus belle la vie ou Dallas. "Ces séries et feuilletons suivaient déjà les mécaniques actuelles avec une inspiration très marquée du réel, contrebalancée par une prise de distance. Elles font un va-et-vient permanent entre fidélité du réel et imagination". Elle poursuit : "Ce n’est pas nouveau de s’inspirer de la réalité dans des œuvres. Ce qui l’est, ce sont les séries qui s’inspirent d'interrogations et d’angoisses bien réelles".
Toutefois, les séries de fortes inspirations réelles ou dystopiques ont connu un essor fulgurant, en partie grâce à des œuvres comme Black Mirror, une série propulsée par Netflix. "Il est clair que Black Mirror est une série qui peut vraiment questionner en profondeur notre société, surtout lorsque des plateformes comme Netflix les rendent aussi accessibles. C’est sans doute le premier gros succès du style dystopique, beaucoup ont suivi."
Ce phénomène autour des séries télé permet d’étudier nos sociétés ainsi que certains comportements humains. Céline Bryon-Portet considère que c’est avec Dallas, un feuilleton télévisé des années 1970, que ce type de production a suscité l'intérêt des sociologues : "À partir des années 1970/1980 et surtout grâce à Dallas, on a changé notre rapport aux séries et on a commencé à les étudier".
Marine Malet illustre l’ampleur de l'intérêt porté à ces études, avec un projet international sérieux autour de Lupin, une production française devenue un véritable carton : "Il y a un projet qui regroupe l’Espagne, la Lituanie, la Norvège et la France et qui vise à comprendre la perception qu’on peut avoir de Lupin. On parle d’une étude de grande ampleur".
Sophie, une auditrice fidèle de l’émission, raconte être surprise de constater l’état des rapports familiaux dans la série Un si grand soleil : "Les ados ne respectent pas leurs parents et leurs professeurs, avant, ça aurait été impensable".
Pour Céline Bryon-Portet, c’est encore un bon exemple de l'intérêt de ces séries pour les études. "Ici, on a une représentation de la crise de l’autorité et de l’évolution de la société, si c’était impensable avant, ça l’est tout à fait aujourd’hui". Beaucoup de ces séries comme Black Mirror ou plus récemment Adolescence, deviennent d’ailleurs des classiques de la pédagogie traditionnelle. "Des séries ou épisodes spécifiques de Black Mirror sont souvent utilisés à l’école pour illustrer des principes sociologiques comme la dystopie, en offrant une pluralité de points de vue", explique Marine Malet.
Ces séries sont avant tout là pour dénoncer et mettre en garde
Pour Barbara, une auditrice de l’émission, ces séries représentent un danger pour nos sociétés : "Elles rendent des choses anormales, normales. Elles banalisent des comportements ou des thèmes comme la sexualité ou la violence".
Là encore, Céline Bryon-Portet voit ces séries provocatrices comme un moyen d’étudier : "C'est compliqué de parler de banalisation, car c’est difficile de mesurer l’impact sur l'inconscient. En revanche, on sait que des fans de certaines séries médicales comme Dr House ont entamé des études ou rejoint des travaux médicaux, en pensant retrouver leur série dans la réalité". Marine Malet réagit : "Je ne sais pas si on peut parler de banalisation, ces séries sont avant tout là pour dénoncer et mettre en garde".
Parmi les séries dystopiques montrant des problèmes de nos sociétés de manière exacerbée, beaucoup peuvent être perçues comme des avertissements. Pour expliquer cette perception, Marine Malet donne l’exemple de La Servante écarlate, une série dystopique qui se déroule aux États-Unis en période de crise démographique. "Dans cette série difficilement soutenable, on se demande forcément comment éviter d’en arriver là, on cherche des solutions".
La chercheuse en sciences de l'information et de la communication évoque également l’épisode Chute Libre, issu du carton Black Mirror : "Dans cet épisode, les gens sont victimes d’un système de notation qui fait penser au crédit social chinois. Ça alerte sur la possibilité que ces prédictions se réalisent et on lutte contre".
Beaucoup de ces séries sont porteuses d'espoir
Céline Bryon-Portet évoque une autre série qui met en garde sur d’éventuelles futures catastrophes, The 100 : "Dans cette série qui se déroule après une apocalypse nucléaire, des humains, s'étant réfugiés sur une base spatiale durant 100 ans, redescendent sur Terre, ravagée par l’Homme". Cette série questionne et fait peur. Devoir quitter la Terre à cause de nos excès permet de prendre conscience de ce risque, pour ne pas le laisser se réaliser.
En plus de faire prendre conscience des dérives que risquent de subir nos sociétés, certaines séries véhiculent des valeurs fortes, indispensables pour nous améliorer. "Beaucoup de ces séries sont porteuses d'espoir. Elles mettent souvent en avant la solidarité et l’entraide comme meilleure arme de défense et de survie. Tout n’est pas sombre", rassure Marine Malet.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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