Maires et curés, ils veulent faire vivre leur église !

 

Lieu de dialogue entre le spirituel et le temporel

L’idée d’échanger sur la manière de faire vivre les églises répond à un besoin que Guillaume Houdan, diacre chargé de mission auprès du monde politique et des élus dans le diocèse de Rouen souligne : 

Depuis six ans, par la mission qu’on m’a confiée, j’ai constaté l'importance de réunir les curés et les maires autour d’un sujet qui les rassemble.

Rapidement, le diocèse de Rouen s’est mis en lien avec l’association départementale des maires, celle-ci couvrant l’ensemble du département, le diocèse du Havre a pris part au projet. 

 

La bonne occasion a été suggérée à Guillaume Houdan :

Les états généraux du patrimoine religieux m’ont apparu comme le bon moment, le déclencheur de l'organisation de cette journée. 

Ils avaient comme objectif d’aider les propriétaires comme les affectataires des lieux de culte catholiques français à évaluer l’état des biens de l’Église sur le territoire (églises, cathédrales, objets liturgiques…), mais aussi de fournir des orientations et bonnes pratiques, notamment au sujet des différents usages des églises et chapelles, ou encore de travailler à la valorisation de ce patrimoine. Autant de sujets qui ont fait l’objet d’interventions d’élus, de prêtres ou d’acteurs associatifs et institutionnels le 14 novembre à Montville. 

 

Dans la soirée du 18 novembre 2024, les remontées des diocèses ont été publiées par la Conférence des évêques de France et présentées à la ministre de la culture, Rachida Dati, à qui un guide du mécénat a été remis. Son rôle : aider principalement les maires à trouver de l’argent pour restaurer les églises. 

 

Comment veiller sur nos églises ? 

Restaurer 

Le patrimoine religieux, c’est fédérateur dans les villages. On ne peut pas opposer le lieu cultuel du lieu culturel : il y a une complémentarité. 

En lien avec le curé responsable de la paroisse et la Fondation du patrimoine, les donateurs ont afflué grâce à une programmation culturelle étonnante tel qu’un concert de Thomas Dutronc en avril 2023. Les projets de rénovation, dont il est à l’initiative pour garantir la mise hors d’eau de l’édifice, s’inscrivent, à son sens, dans le temps long : 

Déjà, enfant, je voyais l’église en travaux, avec des échafaudages. Faire vivre l’église du village, ce n’est pas le projet d’un ou deux mandats.

 

Laisser place à la création

"Faire vivre nos églises", cela peut être créer du neuf, comme à la collégiale d’Eu. En 2023, suite à la restauration de la charpente et des couvertures de l’édifice, Philippe Maheut, le curé de la collégiale, a souhaité remplacer l'autel et l'ambon (le pupitre d’où sont effectuées les lectures). C’est la commission diocésaine d’Art sacré en charge de la création d’objets liturgiques qui lui a recommandé de faire appel à la sculptrice Fleur Nabert.

L’idée de mettre en avant la tradition verrière de la vallée de la Bresle en choisissant le verre comme matériau a permis de réunir la somme conséquente pour la collégiale d’Eu. Cet élan de générosité dû à l’engouement des donateurs, dont certaines entreprises locales spécialisées dans le verre, pour un projet faisant référence au patrimoine local a même permis de financer la création d’une icône de la Vierge qui n’était pas prévue au départ. 

Quid de la sûreté ?

Par ailleurs, les états généraux du patrimoine religieux ont révélé le chiffre de 2666 lieux de culte cambriolés en France entre 2000-2023 et ont rappelé que ce patrimoine religieux constitue un bien commun dont la préservation nécessite un engagement de toutes les parties. La gendarmerie nationale est intervenue le 14 novembre lors de la journée maires-curé, rappelant leur présence pour assurer la sûreté des édifices religieux. Elle a mis en avant l’importance de leur signaler les faits inhabituels et de porter plainte lors d’effractions ou de vols. Enfin, la gendarmerie propose son expertise en Seine-Maritime via une étude qui peut être réalisée à la demande afin de proposer des mesures humaines et organisationnelles pour sécuriser les édifices.  

 

“La fonction de rassembler” 

 

Finalement, c’est un travail coopératif qui repose sur un dialogue entre équipes paroissiales et conseils municipaux qui permet de répondre à l'enjeu de faire vivre nos églises. C’est d’ailleurs le cas à Montville, où la maire Anne-Sophie Clabaut a accueilli chaleureusement cette rencontre. 

L’église Notre-Dame de l’Assomption de Montville a rouvert après deux ans de restauration, un gros chantier qui a notamment concerné les vitraux. 

 

Pour Romain Duriez, le curé de la paroisse Saint-Jean Bosco de Clères-Montville :

L’église, au-delà de l’aspect cultuel, a la fonction de rassembler. Le mot église vient d’ailleurs du mot ecclésia, qui signifie l’assemblée. 

C’est l’occasion pour la ville et la paroisse de célébrer cet événement avec un programme sur trois jours, le 22, 23 et 24 novembre : inauguration par Mgr Lebrun, archevêque de Rouen, visite en accès libre, exposition retraçant l’histoire de l’église jusqu’aux travaux de réfection, messe solennelle présidé par Alexandre Gérault, vicaire général du diocèse de Rouen et trois concerts de musique.