Plus d'une semaine après l'annonce de la fermeture de l'usine Michelin de Cholet, la mobilisation continue devant le site industriel. Mais alors que la décision officielle de la direction nationale doit être prise ce mercredi 13 novembre à Clermont-Ferrand, les salariés oscillent entre colère et un certain fatalisme.
Ils sont près de 150, remplissant près de trois cars, à être partis depuis Cholet en direction de Clermont-Ferrand et du siège national de Michelin ce mercredi 13 novembre aux aurores. Les futurs ex-salariés de Michelin à Cholet comptent bien faire entendre leur colère le jour où la direction nationale du groupe de pneumatique français officialise sa décision de fermer deux usines en France : à Cholet en Maine-et-Loire et à Vannes, en Bretagne. Au total, plus de 1200 personnes se retrouvent sur le carreau.
Cela fait désormais un peu plus d’une semaine que l’annonce brutale de la fermeture de l’usine choletaise d’ici 2026 a été présentée aux salariés. Une semaine que les salariés mécontents se relaient devant l’entrée de l’usine. Aujourd’hui encore, une épaisse fumée noire sort d’un monticule de pneus en train de brûler. Et pour Aziz, salarié chez Michelin depuis près de vingt ans, cette décision a toujours du mal à passer.
On va tout perdre ! Notre ancienneté, notre savoir, notre profession ! Il va falloir que l’on apprenne un autre métier parce que le secteur automobile, ici, c'est fini maintenant ! Et il faut se mettre à notre place. A 58 ou 59 ans, tu t’imagines faire une formation d’un ou deux ans ? Pour aller travailler deux ans encore avant de partir en retraite ?
A quelques mètres de là, Théo est déterminé à rester. Arrivé il y a trois ans chez Michelin, il s’occupe de la confection des pneus, avant cuisson. Pour lui, les propositions de la direction ne sont pas acceptables.
On nous a annoncé qu’on allait partir avec 35 000 € brut en chèque. Et bien c'est dégueulasse ! On voudrait au moins 100 000 € minimum par tête ! Il y a des gens qui crèvent la dalle ici. Moi je suis là depuis peu de temps, mais les anciens, certains, ça fait vingt ans qu'ils sont là. L’usine, elle ferme comme ça, du jour au lendemain. Ce n'est pas possible ! 35 000 € brut, ce n'est pas possible !
Une question financière qui pourrait vite peser dans la mobilisation, même si les équipes se relaient pour maintenir la pression. « L’argent c’est le nerf de la guerre. Il ne faut pas se mentir, on ne pourra pas tenir comme ça indéfiniment » nous confie Gaëlle, salariée de Michelin et déléguée CGT. « Mais il faut qu’on leur montre qu’on lutte, c’est pour ça qu’on se mobilise aussi pour aller à Clermont-Ferrand ». CGT qui dénonce aussi des envois de mails de la part de la direction menaçant les salariés qui empêcheraient des camions de rentrer prochainement dans l’usine.
Des grévistes qui se disent également touchés par l’élan de solidarité des choletais. Magasins, boulangeries ou simples citoyens viennent apporter des denrées alimentaires sur le piquet de grève. « Une dame nous a même offert un gâteau. Ce sont des choses qui nous font chaud au cœur. Il ne faut pas oublier que tout le monde connaît un frère, un cousin, un parent qui a travaillé pour Michelin à Cholet ».
Un temps qui sera bientôt révolu après plus de 50 ans de présence de Michelin en Maine-et-Loire.
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