Au 7eme étage de l’hôpital de Hautepierre, au cœur de l’unité de néonatologie, s’applique depuis plusieurs années la philosophie Nidcap. Le concept est né aux États-Unis dans les années 80, avant de se développer dans les pays du nord de l’Europe puis d’atteindre, plus tardivement, la France. Le principe : assurer des soins adaptés aux besoins des grands prématurés.
Dans une chambre tamisée, derrière un paravent, un maman et son nouveau-né sont installés dans un fauteuil, à l’abri des regards. Une séance de ‘peau à peau’ dans le calme. Un moment hors du temps, pilier de la philosophie "Nidcap" (Neonatal Individualized Developmental Care Assessment Program), un programme international qui met au cœur de sa démarche l’enfant et sa famille. L’environnement sonore est aussi contrôlé, pour que rien ne vienne perturber le nourrisson pour qui les premiers instants de vie sont arrivés un peu trop tôt. Car une naissance avant terme est toujours traumatisante, à la fois pour l’enfant et ses parents, selon le Pr Pierre Kuhn, qui supervise le service et le développement du programme.
Nidcap s’inscrit donc dans une démarche globale de soin qui est centrée à la fois sur les bébés et leur familles. Hormis un travail sur l’environnement sensoriel du nourrisson, le second volet du programme s’articule autour de l’observation de son comportement. Les équipes, formées au préalable pendant un an et demi, scrutent donc les réactions du nouveau-né pour adapter au mieux ses soins, et par conséquent, garantir de meilleurs résultats pour son développement futur. Enfin, le dernier pilier Nidcap est celui de l’implication des familles. Si le personnel soignant assure les gestes techniques, les parents sont inclus dans la démarche, en assistant les équipes, en réalisant les soins du quotidien, en adoptant la posture de ‘partenaire’ de leur enfant.
Exit donc le rôle passif des parents, relégués au second plan en salle d’attente. Mais si leur présence est bienvenue, il faut pouvoir les accueillir dans des conditions décentes. Or bien souvent, la structure architecturale des hôpitaux, héritée de décennies centrées sur la pratique de la médecine, plutôt que sur les besoins des patients, n’est pas adaptée pour héberger les proches de ces prématurés. C’est pour cette raison que dans un premier temps, des lits d’appoint ont été installés dans certaines salles du service de néonatologie. Une cuisine, ou encore un espace d’échange ont vu le jour par la suite. Car au fil des années, les aménagements se sont développés, à l’image d’une “salle des familles” prochainement inaugurée pour accueillir des fratries entières, pour permettre aux parents volontaires de rester sur place, d’être en mesure d’assurer une présence entière pour le nouveau venu… et ses frères et soeurs plus âgés. Les axes de développement sont multiples et la route encore longue pour réunir les conditions optimales du programme NIDCAP, surtout à l’heure où les hôpitaux souffrent d’un budget réduit. Mais à Strasbourg, le service peut compter sur le soutien de l’établissement, ainsi que sur celui de la Fondation de l’Université de Strasbourg qui a développé un appel aux dons pour le financement des aménagements futurs.
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