En croisant le quotidien des jeunes et des familles, je constate combien les personnes peuvent être fragilisées par la vie. L’actualité nous bombarde d’événements qui nous touchent de près : les conflits, la pauvreté, les déplacements forcés, le réchauffement climatique, la lutte pour les droits des femmes, la crise énergétique, l’atteinte à la vie des jeunes… Comment rester zen dans tout ça ?
La pédagogie de Don Bosco valorise la joie et la fête. Loin de nier les difficultés, il s’agit d’une joie qui reflète aussi la traversée de la douleur. Dans les Valdocco d’hier et d’aujourd’hui, les jeunes cabossés par la vie sont les premiers à être accueillis.
La rencontre avec la douleur est inscrite dans l’existence humaine qui, par nature, est fragile et vulnérable. Nous possédons des trésors de vie dans des vases d’argile. Des événements viennent rompre un équilibre préexistant et atteignent quelque chose de profond en nous.
Bien souvent, la souffrance est camouflée. Et pourtant, elle constitue une expérience fondamentale pour un apprentissage significatif. Non pas que la douleur soit désirable, loin de là. Chaque expérience laisse des traces qui demandent à être intégrées et dépassées.
Je me rappelle une jeune mineure non accompagnée qui s’enfonçait dans la provocation et l’isolement.
La première étape, c’était de l’aider à nommer sa souffrance, à trouver le courage d’en parler avec d’autres. Elle a pu faire les comptes avec ses propres limites, à regarder plus en profondeur en elle et autour d’elle.
Elle s’est alors aperçue de plusieurs aspects qu’elle n’avait jamais considérés auparavant, à la fois son désir de ne pas être séparée de son environnement précédent et à la fois la réalité de vivre loin des siens. Elle a pu attribuer du sens aux difficultés qu’elle vivait aux plus petits détails de son existence. En creusant sa propre intériorité, elle s’est rendue compte de la solidité des liens qu’elle avait tissés avec les personnes de son nouvel entourage. Un peu à la fois, elle a pu abaisser ses défenses, amorcer un sourire jusqu’à se permettre de manifester sa joie.
Certains événements douloureux dépendent de nos choix. D’autres nous sont imposés par la vie. Dans un cas comme dans l’autre, une zone de nous-mêmes est atteinte. Des émotions fortes provoquent des impacts qu’il convient de redimensionner à leur juste place pour rétablir un équilibre et réinvestir nos énergies dans une action positive.
Dans notre mission d’accompagnement humain et pastoral, nous pourrions commencer nous-même à vivre chaque difficulté comme une occasion de transformation personnelle.
Accueillir le sens de la douleur signifie porter un nouveau regard sur nous-même et sur les circonstances jusqu’à rendre féconde l’expérience la plus difficile et la moins désirable de la vie.
Cette chronique sur l'éducation vous est proposée en alternance par :
- Xavier de Verchère, salésien de Don Bosco, prêtre, aumônier général des Scouts et Guides de France
- Catherine Fino, salésienne de Don Bosco, théologienne moraliste, professeur à l'Institut Catholique de Paris (où elle est directrice du Département théologie morale et spirituelle)
- Michèle Decoster, salésienne de Don Bosco, formation dans le réseau scolaire Don Bosco (40 000 élèves)
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