LA CHRONIQUE DE MARIE-HÉLÈNE LAFAGE - Ce lundi 1er avril, le rideau sur les écrans est tombé. L’ensemble des écrans publicitaires des stations de métro lyonnaises se sont éteints. C’est un choix pleinement assumé par l’écologiste Bruno Bernard, le Président de la Métropole de Lyon, qui préside aussi le réseau de transport en commun.
Dans le nouveau contrat qui vient d’être signé avec la régie publicitaire, donc, plus d’écrans dans les stations. On gardera seulement des panneaux d’affichage classiques, sans éclairage. Bruno Bernard justifie cette décision par les multiples impacts des écrans : agressifs et énergivores, ils diffusent des contenus souvent anti-écologiques.
Tout cela s’inscrit aussi dans une politique plus globale de réduction de la publicité voulue par la Métropole : au total le nombre de panneaux doit être réduit de 60 % à 90 % dans la rue et les transports d’ici 2026. Mais cette politique est aussi le résultat d’une forte mobilisation d’associations, à Lyon, entre 2018 et 2020, contre la publicité et les écrans dans l’espace public. Cette mobilisation a amené les candidats aux élections locales à se positionner sur le sujet. La décision d’enlever les écrans répond donc à une demande citoyenne.
Supprimer les écrans publicitaires ne fait pas augmenter le prix des transports. Il faut avoir en tête que les transports en commun sont financés en grande partie par la redevance des entreprises. Bruno Bernard indique que les recettes de la publicité représentent en tout et pour tout 0,4% du budget total ! À l’intérieur de cette petite fraction budgétaire, les recettes de la publicité vont même augmenter dans les années à venir, avec 1 Million d’euros supplémentaires. Pourquoi ? Parce que le contrat qui vient d’être renégocié avec la régie publicitaire rapporte plus, avec moins d’espaces publicitaires certes, mais toujours aussi recherchés. Concernant les économies d’énergie, de la même manière, on pourrait dire que les écrans publicitaires ne pèsent pas bien lourd par rapport à la consommation globale du réseau. Mais là c’est une question de cohérence : la hausse du prix de l’énergie, quant à elle, y est bien pour quelque chose dans l’augmentation actuelle du prix du ticket de métro. Et on ne peut pas d’un côté demander des efforts aux citoyens à cause du prix de l’énergie, et puis de l’autre la gaspiller pour diffuser de la publicité.
On peut parler d’écologie intégrale parce que ça interroge en même temps notre rapport au monde, nos choix en matière d’énergie, d’économie, de consommation. La publicité est de plus en plus critiquée aujourd’hui parce qu’elle est le porte-voix de la surconsommation, une mainmise sur les imaginaires. Mais la particularité des écrans, c’est aussi qu’on est dans une forme de publicité très agressive, qui vient capter notre attention à notre insu. Même si on ne veut pas regarder la publicité, on la voit, parce que notre regard est attiré par l’image en mouvement, et cela imprime dans l’inconscient. Pour moi, refuser cette captation permanente de l’attention par la surconsommation et la saturation de l’espace public, ça entre en plein dans l’écologie à laquelle nous invite le Pape, qui est une autre manière d’être au monde. Dans Laudato Si’, il déclare ainsi que "l’accumulation constante de possibilités de consommer distrait [notre] cœur".
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