La notion d’écologie intégrale, promue par le pape François dans Laudato si (n°137ss). On peut d’abord y entendre une exhortation à ne jamais penser l’engagement pour l’écologie sans son volet social : la défense de la justice, le souci que le poids de la crise écologique, pollution, restrictions, voire migrations, ne retombe pas surtout sur les plus pauvres.
Les chrétiens pourraient aussi se sentir interpellés dans l’ordre inverse : il ne s’agit pas seulement d’aimer son prochain comme soi-même, mais aussi “la terre comme soi-même”, comme le suggère le titre d’un ouvrage du théologien orthodoxe Michel Maxime Egger.
Vous avez raison, mais nous pouvons aussi comprendre l’écologie intégrale comme une occasion de solliciter toutes les ressources de l’être humain : son intelligence, pour limiter la pollution en mettant au point d’autres techniques agricoles et industrielles, apprendre à cuisiner local ou à réparer plutôt que jeter, ou encore sa volonté morale, pour limiter sa consommation d’énergie et accepter de partager plus équitablement les ressources de la planète, mais aussi son affectivité, sa sensibilité, sa dimension spirituelle, pour restaurer un rapport plus proche avec la nature et respecter l’ensemble des êtres vivants, du cosmos, dont il fait partie. Le pape François le suggère dès le début de l’encyclique : “Nous oublions que nous-mêmes, nous sommes poussière (cf. Gn 2, 7). Notre propre corps est constitué d’éléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure” (n°2). En respectant la maison commune, nous ne pouvons que gagner en qualité de vie.
Sans aucun doute. Mais on gagne aussi à se rappeler l’intuition de Maritain concernant l’éducation intégrale et la fonction de la dimension spirituelle en éducation. Il ne s’agit pas d’abord de compléter le contenu pédagogique pour atteindre la totalité des dimensions de l’humain, y compris sa dimension spirituelle. La fonction de la dimension spirituelle, chez les croyants comme chez les incroyants, est d’assurer l’unité de la personne. Il s’agit donc d’aider les jeunes à construire et formuler le sens de leur vie. N’est-ce-pas cela qu’ils réclament dans une vie accélérée et un monde éclaté, concurrentiel, instable ? S’engager pour l’écologie serait alors une occasion de consentir à l’expérience de la vulnérabilité commune à tous les vivants et d’entrer en résonance avec eux, pour redonner du sens à une solidarité écologique, et pour les croyants de se mettre ainsi au service de l’amour du Dieu Créateur et Rédempteur de toute sa Création. Jürgen Moltmann définit l’écologie comme une croissante “capacité d’aimer”.
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