Dans son édito, Nathalie Leenhardt explique avoir du mal à regarder les images qui proviennent d'Ukraine. Des images qui selon elle, nous replongent dans des temps que l'on pensait révolus, et qui nous rappellent que la paix est une victoire fragile et chèrement gagnée.
Il m’est difficile de regarder les images des bombardements à Kiev et des colonnes de chars, de l’invasion qui s’intensifie. Non pas, évidemment, par manque d’intérêt pour le sort des Ukrainiens et des Ukrainiennes mais bien davantage car je ne sais que faire du sentiment d’impuissance qui m’étreint et des larmes qui montent aux yeux. Les témoignages de ces hommes et ces femmes qui ont vu leur vie basculer du jour au lendemain, les images de ces parents, leur bébé dans les bras, qui partent sur les routes, l’absurdité de ces morts mais aussi le courage de ces jeunes qui s’enrôlent et qui demain, peut être, perdront la vie… Et celui de ces journalistes qui risquent tant pour nous informer…
Tout cela me désespère tant ces images nous replongent dans des temps qu’on pensait définitivement révolus, et qui ressurgissent, renvoyant notre quotidien à quelque chose de futile et de fragile. Oui, nous redécouvrons la fragilité de nos existences, celle de la paix si souvent considérée comme banale, alors qu’elle est avant tout une victoire chèrement gagnée, celle des relations entre nations. Qu’il est difficile d’admettre que la loi du plus fort domine, que la tentation de la toute-puissance et de l’hégémonie l’emporte, pour le moment en tous cas, sur la raison, la discussion, la liberté.
Cette guerre à nos portes nous ébranle. Et, comme en écho, nous découvrons le dernier rapport du GIEC, des experts du climat, qui décrivent la vie de demain, avec son lot d’inondations, de sécheresses extrêmes, d’espèces à jamais disparues. La fragilité de notre planète mise à mal par nos modes de vie énergivores et prédateurs revient en boomerang. A quand une prise de conscience massive ?
Mais cette fragilité nous rend aussi plus lucides que jamais. Face à la barbarie et l’arrogance des uns, surgit la solidarité des autres, tous ces gestes de partage, toutes ces initiatives nées souvent ici parmi les Ukrainiens et Ukrainiennes qui vivent sur notre sol, comme celles de centaines de Polonais et Polonaises qui se mobilisent généreusement. Les signaux envoyés par les institutions qu’elles soient sportives, culturelles, les mesures économiques, politiques bien sûr, disent le refus de l’indifférence et la recherche de modes de pressions.
Partout des vents contraires tentent d’arrêter les vents mauvais…
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