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Ce qui résiste encore à Noël, par Aymeric Christensen

Un article rédigé par Aymeric Christensen - RCF, le 18 décembre 2024 - Modifié le 19 décembre 2024
Le point de vue de 7h20Ce qui résiste encore à Noël, par Aymeric Christensen

LE POINT DE VUE D'AYMERIC CHRISTENSEN - Comment aborder une fête comme la Nativité quand l’actualité est si dramatique ? Peut-être en commençant par accueillir et écouter nos résistances intérieures pour aller plus loin.

Aymeric Christensen © DRAymeric Christensen © DR

À moins d’une semaine de Noël, l'actualité m’inspire trop de sentiments négatifs.

Se laisser toucher

Au fond, vous n’avez jamais ressenti, vous, ces étranges dissonances de l’Avent ? Vous savez : quand il est question d’"aplanir" une route qui semble soudain s’encombrer de mille préparatifs ; de ralentir alors que tout s’accélère ; de témoigner d’un mystère de simplicité au milieu du brouhaha consumériste ; de célébrer la lumière à l’heure où elle nous manque le plus. Et je ne parle même pas de l’espérance, de la joie ou de la paix qu’on s’efforce en vain de discerner dans ce monde énervé et triste. Vraiment : quelque chose cloche, quelque chose nous résiste.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.

Je vous accorde que "Jérusalem, quitte ta robe de tristesse", ça sonne un peu lointain, ne serait-ce qu’avec l’actualité tragique du Moyen-Orient. On pourrait en citer beaucoup, de ces versets qui froissent ou dérangent. Et peut-être que c’est une bonne chose ! Après tout, la liturgie n’est pas faite pour être une routine, un ronronnement familier. Peut-être même faut-il accepter de se laisser blesser par ces paroles, qu’elles viennent heurter nos évidences, nos partis pris ou nos distances résignées.
"Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière." Est-ce que ce n’est qu’une vieille rengaine ? Ou réalise-t-on que suivre l’étoile apparue à l’Orient nous conduit jusqu’à l’inconfort d’une étable ? En fait, dans la Nativité, nos résistances intérieures font partie du décor.

Osons partager la joie

Et on en revient à ce paradoxe : témoigner d’une Bonne Nouvelle au milieu de toutes les mauvaises. On croit connaître et comprendre Noël, mais cette histoire contient plus de questions que de réponses. L’enfant qui vient au monde, c’est un prince sans palais, un sauveur désarmé, un Dieu sans éclat. L’Évangile a même ces mots troublants à propos de la sainte Famille : "Il n’y avait pas de place pour eux." Il faut y réfléchir : celui que tout un peuple attendait, au moment où il paraît enfin, il est déjà de trop. Pas de place, pas de temps, essayez ailleurs, revenez plus tard. Un comble !

Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire.

Et nous ? Pour qui n’avons-nous "pas de place" ? Qui laissons-nous au-dehors de nos vies, de nos sociétés, de nos préoccupations, de nos emplois du temps ou des pages de nos journaux ?
Sauf que, voilà, nous entendrons encore ce message le matin de Noël : "Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire." Ce que l’inquiétude et la morosité des jours nous empêchent de contempler, ce à quoi les passions et les suffisances de notre époque nous empêchent de participer, c’est cette œuvre de paix, d’espérance et de joie, qui ne demande qu’à passer par nous.

Nos résistances intérieures ne doivent pas nous empêcher d’entrer en résistance. À rebours de l’état d’esprit ambiant, osons le dire haut et fort : Joyeux Noël !

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h20
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