JavaScript is required
Accueil
Clotilde Brossollet | Face aux droits de douane US, l'UE incapable de réagir ?

Clotilde Brossollet | Face aux droits de douane US, l'UE incapable de réagir ?

Un article rédigé par Clotilde Brossollet - RCF, le 12 février 2025 - Modifié le 12 février 2025
Le point de vue de 7h20Clotilde Brossollet | Face aux droits de douane US, l'UE incapable de réagir ?

Après le Canada, le Mexique et la Chine, l’Union Européenne est la prochaine sur la liste à se voir menacée par Donald Trump d’une hausse importante des droits de douane. Alors que l'Union Européenne semble s'incliner devant le milliardaire américain, Clotilde Brossollet s'intéresse aux enjeux d'une potentielle guerre commerciale entre le Vieux et le Nouveau continent.

Clotilde Brossollet © Claudia CorbiClotilde Brossollet © Claudia Corbi

Après le Canada, le Mexique et la Chine, l’Union Européenne est la prochaine sur la liste à se voir menacée par Donald Trump d’une hausse importante des droits de douane. Il me semble que l’annonce promise par le nouveau président américain et la réponse qu’elle entraînera de la part des Européens met l’Union Européenne en danger, non seulement commercial mais surtout existentiel. Les premières réactions, celles d’Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz, tous deux en minorité dans leur pays, sont pour Donald Trump des réactions de grenouilles qui se veulent plus grosses que le bœuf. Dans ce nouveau rapport de force instauré par les États-Unis, l’Union Européenne n’a pas le bon logiciel pour réagir. 

Alors que la balance commerciale est en défaveur des Américains, qui importent plus qu’ils exportent, mettre en péril ses relations avec les pays dont on est dépendant, prendre le risque de sanctions sur des secteurs aussi stratégiques le numérique est totalement incompréhensible pour les Européens qui, eux, privilégient la coopération commerciale au point d’en faire un fondement essentiel de la paix. Pire encore, assumer une politique protectionniste en assumant le caractère douloureux pour sa population est totalement déstabilisant pour les Européens. La priorité américaine est devenue la préservation uniquement des intérêts américains, quel qu’en soit le prix.

Deux conceptions opposées

Il me semble que deux conceptions s’opposent. En assumant une guerre commerciale, Donald Trump bouscule toutes les règles des relations internationales. Il n’est pas un homme de la coopération internationale et encore moins du multilatéralisme. Le concept même de l’Union Européenne lui est étranger : ce n’est pour lui qu’une abstraction composée de nains et de quelques alliés. Nous sommes des adeptes de la négociation, convaincus de la discussion, animés par le fantasme de la paix perpétuelle, nous ne pouvons donc qu’être déstabilisés par ce retour de la brutalité, qui ne provient pas d’un impérialisme autoritaire, mais du président d’une des plus grandes démocraties. Réagir aux annonces de Donald Trump exige bien plus que de bomber le torse, cela exige d’assumer le rapport de force et d’adopter ses règles du jeu, aussi détestables nous paraissent-elles. 

Une Union Européenne qui doit jouer collectif

Si elle est capable de se défaire de son évangélisme, il lui faudra jouer collectif et là rien n’est moins sûr. Donald Trump le sait parfaitement : il n’y bien que la France et l’Allemagne pour penser que nos intérêts sont plus collectifs que nationaux. Et encore, si l’Allemagne renonce à ses exportations automobiles. Les pays européens sont nombreux à avoir tissé des liens unilatéraux avec les États-Unis, devenus des partenaires incontournables pour leur sécurité, : face à la menace russe, les Pays Baltes auraient gros à perdre à ne pas se soumettre à leur protecteur, tout comme les pays de Visgrad. Certains accueillent des bases importantes de l’Otan, d’autres partagent des affinités politiques. Même l’Italie pourrait être tentée de faire cavalier seul. 

L’Union européenne saura-t-elle là donner la preuve de son unité et de son utilité ? Elle a beaucoup à perdre, particulièrement sa légitimité auprès de de peuples qui la constituent. Celle-ci est déjà si faible que c’est bien une question de survie

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le point de vue de 7h20
©RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.