
Après le Canada, le Mexique et la Chine, l’Union Européenne est la prochaine sur la liste à se voir menacée par Donald Trump d’une hausse importante des droits de douane. Alors que l'Union Européenne semble s'incliner devant le milliardaire américain, Clotilde Brossollet s'intéresse aux enjeux d'une potentielle guerre commerciale entre le Vieux et le Nouveau continent.
Après le Canada, le Mexique et la Chine, l’Union Européenne est la prochaine sur la liste à se voir menacée par Donald Trump d’une hausse importante des droits de douane. Il me semble que l’annonce promise par le nouveau président américain et la réponse qu’elle entraînera de la part des Européens met l’Union Européenne en danger, non seulement commercial mais surtout existentiel. Les premières réactions, celles d’Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz, tous deux en minorité dans leur pays, sont pour Donald Trump des réactions de grenouilles qui se veulent plus grosses que le bœuf. Dans ce nouveau rapport de force instauré par les États-Unis, l’Union Européenne n’a pas le bon logiciel pour réagir.
Alors que la balance commerciale est en défaveur des Américains, qui importent plus qu’ils exportent, mettre en péril ses relations avec les pays dont on est dépendant, prendre le risque de sanctions sur des secteurs aussi stratégiques le numérique est totalement incompréhensible pour les Européens qui, eux, privilégient la coopération commerciale au point d’en faire un fondement essentiel de la paix. Pire encore, assumer une politique protectionniste en assumant le caractère douloureux pour sa population est totalement déstabilisant pour les Européens. La priorité américaine est devenue la préservation uniquement des intérêts américains, quel qu’en soit le prix.
Il me semble que deux conceptions s’opposent. En assumant une guerre commerciale, Donald Trump bouscule toutes les règles des relations internationales. Il n’est pas un homme de la coopération internationale et encore moins du multilatéralisme. Le concept même de l’Union Européenne lui est étranger : ce n’est pour lui qu’une abstraction composée de nains et de quelques alliés. Nous sommes des adeptes de la négociation, convaincus de la discussion, animés par le fantasme de la paix perpétuelle, nous ne pouvons donc qu’être déstabilisés par ce retour de la brutalité, qui ne provient pas d’un impérialisme autoritaire, mais du président d’une des plus grandes démocraties. Réagir aux annonces de Donald Trump exige bien plus que de bomber le torse, cela exige d’assumer le rapport de force et d’adopter ses règles du jeu, aussi détestables nous paraissent-elles.
Si elle est capable de se défaire de son évangélisme, il lui faudra jouer collectif et là rien n’est moins sûr. Donald Trump le sait parfaitement : il n’y bien que la France et l’Allemagne pour penser que nos intérêts sont plus collectifs que nationaux. Et encore, si l’Allemagne renonce à ses exportations automobiles. Les pays européens sont nombreux à avoir tissé des liens unilatéraux avec les États-Unis, devenus des partenaires incontournables pour leur sécurité, : face à la menace russe, les Pays Baltes auraient gros à perdre à ne pas se soumettre à leur protecteur, tout comme les pays de Visgrad. Certains accueillent des bases importantes de l’Otan, d’autres partagent des affinités politiques. Même l’Italie pourrait être tentée de faire cavalier seul.
L’Union européenne saura-t-elle là donner la preuve de son unité et de son utilité ? Elle a beaucoup à perdre, particulièrement sa légitimité auprès de de peuples qui la constituent. Celle-ci est déjà si faible que c’est bien une question de survie
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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