LA TRIBUNE DE BENOIST DE SINETY - Comment une scène de vie dans le TGV illustre le besoin de calme et de bonté, là où les cœurs deviennent furieux ? C'est le récit de Benoist de Sinety, dans un train.
Pour crier elles crient ces jumelles de 3 ou 4 ans. Nul ne peut les faire taire ou même les calmer. Ni la maman qui essaye à maintes reprises, jusqu’au désespoir de les raisonner. Ni les regards réprobateurs de leur grand-mère qui souffre en silence. Les minutes passent et les autres voyageurs manifestent de moins en moins discrètement leur agacement. Les hurlements se font stridents, les petits corps s’agitent de plus en plus violemment. Même ceux qui avaient les casques vissés sur les oreilles les enlèvent, interloqués par le vacarme. Le train lancé à pleine vitesse n’arrivera jamais assez vite pour empêcher les invectives que les soupirs de plus en plus profonds ne parviendront pas longtemps encore à étouffer.
Soudain une jeune femme se tourne vers la maman et d’une voix toute douce lui dit : « Madame, m’autorisez-vous à parler à vos filles ? » L’autre n’en espérait pas tant et, dans un souffle, lui signifie son accord. Et la voici qui regarde avec une infinie gentillesse les fillettes « Les filles, vous savez que vous empêchez tout le monde de dormir ou de lire. Vous ne pouvez pas faire ça. Ça n’est pas bien et si vous continuez je vais vraiment me fâcher contre vous. Et ça vous n’en avez pas envie, que je me fâche, hein ? Alors il faut vraiment que maintenant vous ne fassiez plus aucun bruit. Vous avez des coloriages devant vous, vous pouvez faire dodo aussi. Mais maintenant il faut vraiment vous taire… ». Les petites acquiescent gravement de la tête. « Allez, on se serre la main pour se dire qu’on promet d’être sage. D’accord ? » Et les voici unies par un serment grave et solennel. On ne les entendra plus du trajet sinon deux heures plus tard à l’arrivée, dans la fébrilité naturelle qui saisit les voyageurs lorsque le train entre en gare.
Sur le quai je la retrouve cette jeune femme à qui nous devons notre survie nerveuse et je la remercie de s’être ainsi manifestée, admirant son calme et sa douceur. « Il fallait bien apaiser tout ça… » répond-elle. Oui il fallait quelqu’un qui prononce une parole de paix là où les cœurs devenaient furieux.
C’est aussi vrai dans un tgv qu’à la tribune de l’ONU.
Au-dessus de l’autel de la basilique de la Bonne Mère à Marseille il y a un médaillon sur lequel une barque est représentée. La voile, aux couleurs de la ville, est posée sur une mer. Au premier plan les vagues évoquent la tempête qui risque de faire sombrer. Juste derrière les eaux sont paisibles et le soleil levant oriente vers le calme. « Les gens viennent ici le cœur souvent agité et repartent apaisés » confie un prêtre du sanctuaire. « C’est l’effet Bonne Mère » ajoute en souriant un marseillais : « les gens viennent ici de toutes religions et convictions. Ils viennent à la rencontre
d’une Mère avant toute autre définition théologique ». Notre monde a besoin de bonté. Des hauteurs du Vieux Port jusqu’aux lignes à grandes vitesses, quels visages aujourd’hui se pencheront vers les cœurs inquiets pour leur montrer la douceur d’un amour qui se révèle ?
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