LA CHRONIQUE DE BENOIST DE SINETY - Au service de la communion : « l’évêque ne remplace pas le Maître, parmi ses frères et sœurs, il est au service de la communion autour du Christ » expliquait le nouvel évêque de Malines-Bruxelles, Luc Terlinden, alors qu’il présentait sa devise lors de son ordination épiscopale en septembre dernier.
La devise, « Fratelli Tutti » reprend bien sûr le titre de l’encyclique de François. Mais aussi les mots d’Henri Dunan, le fondateur de la Croix Rouge qui soignait lors de la bataille de Solférino, les blessés des deux camps, sans distinguer.
Le jeune évêque, enfin je me permets cette remarque puisque nous avons le même âge, est sans doute de ceux qui ressentent l’immense besoin de fraternité qui sourd du monde occidental.
Jusqu’à récemment, dans une Europe où il allait de soi d’être baptisé, la question de la fraternité ne se posait pas vraiment. Elle était réfléchie dans la perspective de la mission, ou de la rencontre avec d’autres religions.
Mais en interne, elle allait de soi. Au point qu’on n’en faisait que rarement état. On insistait sur la pratique, sur la conversion, sur les actes de charité et de piété, dans une société où tout était rythmé par les angelus et les fêtes carillonnées.
Et nous voici, dans nos pays sécularisés, d’un coup, renvoyés à un statut de minoritaires, à faire face à la foule immense de nos contemporains qui ne savent rien ou pas grand-chose de notre foi et qui n’en ont même plus les clés de compréhension culturelles.
Et face à eux, nous voici convoqués à les regarder comme des frères. Non pas des frères inférieurs ou immatures, juste des frères.
C’est en fait une révolution formidable pour l’Eglise dont nous avons encore beaucoup de mal à prendre conscience : contrairement aux siècles passés, il ne s’agit pas d’apporter à des peuples païens une forme de civilisation qui s’est officiellement convertie à l’Évangile. Car nous partageons une même culture, nous sommes parties prenantes de la même civilisation.
Et c’est dans ce cadre d’une intimité partagée, que nous avons à manifester la lumière du Christ qui fait de nous des serviteurs de sa présence. Par la fraternité.
Elle est le lieu de cette révélation. Ils se trompent, me semble-t-il, ceux qui pensent que l’avenir de la mission est dans un retour au passé. Sans nier la puissance d’évocation et la richesse de ce passé, il est d’abord un moment de l’histoire. Comme il y en aura d’autres.
La vie nous appelle à ne pas être paresseux. Le dernier concile trouve dans la démarche synodale une étape essentielle dont nul ne sait ce qu’il en sortira.
Ce nouveau moment qui s’ouvre pour nous est un temps passionnant : il bouscule, remet en cause et nous oblige à quitter les ornières de nos sacristies et du « on a toujours fait comme ça ».
Pour la simple raison que l’humanité avance. Et que la mission de l’Eglise ne consiste pas, comme le prétendent quelques persifleurs, à la rattraper, mais à l’accompagner en se laissant guider par la seule parole du Maître véritable dont tous, selon leurs missions, sont appelés à être les disciples.
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