Benoist de Sinety : Dieu entend le cri des enfants de Gaza

Vous avez au petit matin, subis, il y a plus d’un mois ce que vos pires cauchemars n’avaient pu vous faire craindre. Vous redoutiez le loup, ou l’animal cruel. Pouviez-vous imaginer que des hommes de l'âge de vos parents ou de vos frères ainés se transforment ainsi, allant jusqu’à vendre leurs âmes au mal ?

Ils vous ont kidnappés. Vous avez vu des choses que nous ne pourrons jamais imaginer. Et vous voilà maintenant dans les caves dans le bruit terrifiant des immeubles qui explosent et des vociférations de vos gardiens qui invoquent si volontiers le nom de celui qu’ils trahissent.

Fait-on de la politique sur le sang des enfants ?

Nous, nous découvrons vos noms, en pleurant, de voir que certains, parmi nous, à Londres, ou à Paris, arrachent ces affiches sur lesquels ils sont inscrits. Oui, les arrachent. Par mimétisme, ou peut-être pensent-ils, pauvres incultes, faire ainsi acte politique. Fait-on de la politique sur le sang des enfants ? Qu’ils soient de Gaza ou d’un kibboutz voisin ? 

Vous ne connaissiez pas les enfants de Gaza dont les parents venaient travailler chez les vôtres. Vous entendiez sans doute qu’il fallait s’en méfier ou en tout cas rester prudents. De leurs côtés certainement vous craignaient-ils de même. Et vous voici désormais liés dans les cendres et la poussière.
Ceux qui vous y ont livrés sont à l’abri, protégés et repus. Les Hérode n'ont jamais hésité à tuer des Innocents pour abreuver leur soif de puissance.

L'appelez-vous Seigneur, Dieu Tout-Puissant, ou même Abba ?

Dans ce dernier sanctuaire qu'il vous reste, celui de votre cœur, vous appelez à l'aide. Vous prononcez le Nom de celui qui s'est révélé par le visage de vos parents, de vos amis, comme celui qui vous aime. L’appelez-vous Seigneur, Dieu Tout-Puissant, ou même Abba ? Lui en tout cas vous entend car vos noms sont gravés dans son Cœur. Et de là nul ne pourra les enlever. Ils y sont liés, vos noms, à ceux de ces enfants arabes, musulmans et chrétiens, qui pleurent de terreur dans les caves voisines. 

Vous êtes tous ses enfants. Il a parlé à vos pères en premier, pour se révéler, par eux comme le Dieu de l’Alliance. C’est vers vous, chers petits, que ma prière va, comme elle peut, hésitante, tremblante, inquiète d’être jamais exaucée.

Car je le crois de toutes mes forces, c'est bien notre Dieu qui est enterré sous les gravats avec vous, emprisonné avec vous et réduit au silence par tous ces gens qui prétendent agir en son Nom. Ce ne sont pas les missiles ni la guérilla sauvage qui l'en libèreront. Mais peut être la lumière que l’un de vos pauvres sourires ou de vos simples regards fera jaillir dans le cœur de vos bourreaux. En lui révélant que la justice ne s’exprime que lorsqu’elle s’édifie sur la charité.