LA CHRONIQUE DE CLOTILDE BROSSOLLET - Depuis le 15 février, avec une période d’adaptation jusqu’au 15 septembre prochain, la SNCF a mis à jour ses règles en ce qui concerne les bagages. Dorénavant, chaque voyageur ne pourra emporter que deux bagages de taille importante, ainsi qu’un bagage à main.
Jusque-là rien d’étonnant, puisque la SNCF a eu la prétention de nous faire aimer le train, il ne lui restait plus, malgré une politique tarifaire obscure et des retards légendaires, que de nous compliquer la vie à propos de nos bagages. La mesure n’est toutefois pas si contraignante sauf pour les familles. Car les poussettes sont considérées comme un bagage spécial au même titre que les instruments de musique, les paires de ski, les planches de surf, de kitesurf ou encore les trottinettes. Dans ce cas, cet objet assimilé donc à un objet de loisir appartient à la catégorie des bagages de taille importante.
Vous voyez donc votre capacité passer à un bagage à mains et à un seul bagage de taille importante. Attention car là aussi, il est question de taille ! Pour faire simple, si vous avez une poussette et donc un enfant, vous voyagerez léger. Les familles qui en ont les moyens préfèreront alors certainement l’avion où les poussettes n’excluent aucun autre bagage. L’empreinte carbone passera alors au second plan !
C'est une nouvelle preuve que notre pays n’aime pas les enfants. Tous les parents pourront vous le dire, aller dans un musée en famille, prendre les transports en commun ou encore le train est un combat : porter sa poussette dans les couloirs du métro, s’excuser de prendre la place dans le bus, supporter les regards agacés par un enfant en pleurs, subir les soupirs devant un enfant qui court.
Nous sommes bien loin des États-Unis, par exemple, où les musées vous prêtent une poussette. En France, il vous est demandé de la laisser à la consigne… Alors quand Emmanuel Macron appelle à un réarment démographique, il me semble qu’il pourrait commencer par changer les politiques d’accueil des enfants dans les établissements publics et les entreprises de service public.
Il est vrai que le bilan démographique français est en berne et qu’avec 1,68 enfant par femme nous sommes bien loin du seuil de renouvellement des générations. En 2023, les naissances ont encore connu une baisse de 7 %, baisse qui s’élève à 20 % si l’on prend l’année 2010 comme point de départ. La question de la fécondité est sensible à la petite musique de l’individualisme moderne.
L’âge tardif du premier enfant révèle à quel point celui-ci doit s’inscrire dans un projet de vie qui s’attache à concilier vie personnelle, vie professionnelle, vie conjugale et vie parentale sans avoir à renoncer à la moindre parcelle de l’une ou l’autre. L’enfant n’est envisagé qu’une fois que la vie professionnelle et la vie conjugale sont toutes les deux bien solides avec la garantie de pouvoir préserver l’épanouissement des deux parents, épanouissement que les méthodes de développement personnelles préserveront d’une mort annoncée sous les couches lavables et les petits pots bio faits maison. Aujourd’hui, il n’est plus question de s’oublier dans la parentalité !
Relancer la natalité devrait donc commencer par faciliter la vie des parents. Avant d’initier une nouvelle réforme du congé parental au nom de l’égalité entre les hommes et les femmes, réforme qui ne changera pas le fait que seule la mère peut allaiter que la durée conseillée de l’allaitement va au-delà de 6 mois, il semblerait plus opportun d’aider les parents à avoir tous les enfants qu’ils souhaitent.
C’est un couple sur cinq qui renonce à avoir un enfant supplémentaire pour des raisons en grande partie économiques et liées au mode de garde. Aujourd’hui, la plupart des aides concernent l’arrivée du premier enfant mais une véritable politique familiale exigerait d’investir sur les naissances suivantes avec, par exemple, une revalorisation de l’accueil du jeune enfant et un grand plan de soutien à la création de structures de garde. Enfin, c’est toute une révolution à engager pour que l’enfant soit considéré comme richesse fondamentale de notre société et non plus comme une potentielle entrave au confort des adultes. Un retour à l’universalité des allocations familiales en serait un signe fort.
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