Ce matin, je questionne l'esprit de plusieurs lois qui arrivent au Parlement. Il convient de ne pas oublier que si le politique choisit à qui on prend l’argent pour savoir à qui on va le donner dans le cadre de la gestion de la cité, il le fait en fonction d’un fond idéologique et philosophique. Ce qui a le don de m’interroger en ce moment, c'est bien qu’énormément de projets de lois en cours n’ont pas pour but de résoudre les problèmes de fond, ce que somme toute, nous serions en droit d’attendre d’une loi, mais simplement de criminaliser les plus pauvres, les victimes du système dans une optique ultra-libérale qui donne aux ultra-riches sur le long terme et criminalise les pauvres.
J'insiste : je ne pense pas à une loi particulièrement, mais à tout un arsenal législatif. La réforme des retraites bien sûr, la loi dite "Asile et immigration", le projet de loi sur le travail bénévole en échange du RSA, la loi dite Kasbarian-Bergé, soi-disant "anti-squat", etc.
Le projet de loi sur les retraites est une casse sociale, nous l’avions évoqué il y a deux semaines. Ce n’est pas pour rien que 91% des actifs sont contre et que la majorité n’ose pas la faire passer par référendum puisque le désaveu serait éclatant : Monsieur Macron pourrait se rappeler alors aux bons souvenirs de ceux qui l’ont élu pour faire barrage à l’extrême droite. De même, le projet de loi asile et immigration ne sert qu’à continuer dans ce qui se fait déjà - où, par exemple, une personne en fin de titre de séjour doit attendre les deux derniers mois pour débuter une nouvelle demande. Sauf… que la procédure prend six mois. Et c’est voulu. Donc clairement, on continue de se satisfaire d’une loi qui envoi les personnes dans l’illégalité. Pour le RSA, je trouve ça incroyable que l’on demande du bénévolat à des gens en échange d’un droit qu’ils ont acquis par le biais de la cotisation tout ça pour avoir des miettes.
Le projet de loi "anti-squat" contient notamment une disposition qui dit que les impayés de loyer deviendraient un délit d’occupation illicite de domicile, sanctionné de trois ans d’emprisonnement et 4500 euros d’amende. Donc clairement ici aussi : si vous avez des difficultés à payer votre loyer, vous allez être considéré comme délinquant. Vous avez démissionné à cause d’un management intolérable et ainsi ne pouvait plus payer ? Vous avez eu un problème de santé ou des ruptures personnelles vous faisant perdre votre confiance en vous et vos capacités sur le marché du travail ? Tant pis, vous allez peut-être devenir "coupable" d’être pauvre.
Sans compter que ces lois ne résolvent en rien le problème de fond. Cette pensée ultra-libérale vous dira que si vous êtes en échec, c'est votre faute. Tout cela pour prévenir quelques cas de squats et rassurer des propriétaires en surfant sur la peur de l’autre, qu’il soit migrant ou simplement pauvre. Si j’étais de mauvaise foi, je dirais que c’est aussi par peur du Rassemblement national, que l’on n’ose pas combattre par la réalité d’un terrain qu’il ne connaît pas. Un changement de regard sur la pauvreté est urgent : c’est à la misère qu’il faut mener la guerre, pas aux pauvres.
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