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Édito d'Adrien Louandre - La COP, le réchauffement climatique et la pauvreté

RCF, le 28 novembre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito d'Adrien Louandre - La COP, le réchauffement climatique et la pauvreté

L’essentiel a été dit sur la COP27 : c’est un accord en demi-teinte avec un début de financement pour les pays pauvres, ce qui n’est pas rien parce que ça fait 30 ans que les associations et les petits États insulaires demandaient cela, mais rien sur les énergies fossiles. Spoiler : le 1,5 degré qui avait été décidé en 2009 à Copenhague, c’est fichu ! Alors certes, comme le dit Jean-Marc Jancovici, une COP c’est comme si vous étiez dans un immeuble inondé sans syndicat, où personne ne peut être contraint de rien. Dans cet immeuble 200 personnes de toutes nationalités et intérêts différents où ceux en haut avec terrasse se fichaient un peu de ceux au rez-de-chaussée qui sont inondés alors que tous les accords se prennent à l’unanimité. Donc ça bouge peu. Pourtant, elles restent un espace essentiel. 

Adrien Louandre ©DRAdrien Louandre ©DR

Réchauffement climatique : penser le temps long

 

Essentiel, mais pour vous et moi, comment réagir face à cela ? Car en quoi cela va concerner celles et ceux qui nous écoutent et dont l’intérêt du moment c’est de, par exemple, pouvoir assumer leur parentalité en offrant un cadeau de Noël à leurs enfants pour "garder la face devant eux" (au passage : quelle catastrophe de devoir être stressé devant cela parce que c’est un marqueur social qui peut se transformer en honte !). 

 

Je ne sais pas si vous connaissez le test des marshmallows de Walter Mischel, un psychologue américain. Il s’est rendu compte que si on proposait à des enfants de "soit leur donner un marshmallow tout de suite, soit deux dans 10 minutes", l’immense majorité se servait tout de suite. Essayez chez vous avec le premier carré de chocolat qui vient. Posez-vous vous-mêmes la question. Les COP c’est un peu ça : on préfère garder nos biens de suite plutôt que d’organiser la perte prévisible de croissance qui est déjà là, alors que le vivant lui s’est déjà effondré. À la COP, on mange les marshmallows tout de suite : le problème, c'est que bientôt, il n’y en aura plus. 

 

Qu'est-ce qui est vraiment défendu lors des COP ?

 

Comme le dit Robespierre (oui, on peut citer Robespierre sur RCF) : "Un pauvre ne peut se préoccuper de politique quand il ne sait pas ce qu’il va manger le soir." La même semaine que la COP est tombé le dernier rapport pauvreté du Secours catholique. Les faits exposés plus hauts ne font qu’expliciter ce rapport : la pauvreté est une spirale devenue endémique dans notre pays, sixième puissance mondiale. 

 

Soyons clairs : ce ne sont pas les intérêts des plus pauvres qui sont défendus aux COP. Ce sont les intérêts de ceux qui se fichent que l’immeuble prenne l’eau, parce qu’ils ont leurs places réservées au dernier étage (dans des bunkers en Nouvelle-Zélande). Ils se couvrent en noyant le poisson et en nous inondant de propagande, d’outils de langage et savent bien que votre intérêt dans l’immédiat, c’est de manger le chamallow, d’offrir un cadeau à votre enfant, de payer votre facture d’eau. Que face à l’effondrement, quand on est au RSA (quand on la chance de l’avoir) on cherche surtout à ne pas s’effondrer soi-même. 

 

Cet édito se veut solidaire de ceux qui nous écoutent en ce début de semaine et qui sont dans cette pauvreté. À l’heure du café du lundi, j’ose espérer qu’il sera pour vous comme un léger brasier. Pour se construire, notre avenir et celui de vos enfants a besoin d’un autre réchauffement, le vôtre. Si dans l’inaction climatique il y a presque une banalité du mal, dans l’agir du quotidien, il y a une banalité du lien. De la banalité du lien, vient la banalité du bien. 

 

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