Une fois n’est pas coutume, je commence cet édito en chantant…
Je ne doute pas qu’un certain nombre d’auditeurs connaissent ce cantique : "Peuples qui marchez dans la longue nuit, le jour va bientôt se lever…" Et bien ce chant un peu vieillot de nos messes d’Avent a au moins le mérite d’être une lumineuse promesse pour les veilleurs. Une promesse bienvenue et scintillante dans un tourbillon de l’actualité qui laisse bien peu de répit. Avec les révélations qui meurtrissent l’Église, la guerre qui se poursuit en Ukraine, les frappes turques en Irak et en Syrie, les trop timides avancées du dernier sommet sur le climat en Égypte, sans oublier le contexte économique et le plus grand nombre de familles touchées par la pauvreté, les sujets d’inquiétude sont nombreux. Pourtant, le temps de l’Avent qui s’ouvre ce dimanche nous exhorte au repos et au retrait, au moins dans l’âme, afin de mieux accueillir la bonne nouvelle de la Nativité.
Sans oublier les tourments du monde, ce silence est néanmoins indispensable pour percevoir la Parole de Dieu et se faire saisir par elle en ces temps particulièrement secoués. Jean-Baptiste, le dernier des prophètes, est l’homme de la situation, il est en couverture de Famille Chrétienne en ce début d’Avent. Son verbe est haut, il ne mâche pas ses mots pour annoncer Celui qui vient. Comme nos pères Abraham et Moïse, et avant le Christ, Jean le Baptiste se rend au désert et nous invite à l’y rejoindre. Mais attention, pas dans le désert du Qatar où ont fleuri des stades climatisés à l’herbe toujours verte, mais bien dans le désert parfois sec et aride de nos existences.
Un peu de sémantique : en hébreu, "désert" se dit midbar et provient d’une racine sémitique qui signifie "mener le troupeau au pâturage". Le bonheur est donc dans le pré, mais ce midbar possède une racine, dabar, particulièrement… parlante. Dabar, c’est en effet la parole, le précepte, le message. Le désert est alors bien le lieu où nous pouvons entendre Dieu nous parler. À l’heure d’Internet, du commerce en ligne et du téléphone hyperconnecté, nous goûtons bien peu la joie de l’attente, l’incertitude source de croissance, l’allongement du temps qui écrase l’immédiat et fait grandir l’impatience.
C’est au désert qu’il nous faut partir pour être prophètes. La parole de Dieu y est limpide, débarrassée des scories du monde, et tranchante. Alors, sans forcément voler jusqu’au désert du Néguev où j’étais récemment avec des lecteurs de Famille Chrétienne, comment allons-nous ces prochaines semaines entendre couler en nous cette Parole et quelle attitude adopter ? Saint Paul nous donne quelque indication dans la liturgie de ce dimanche : "Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ." Voilà le conseil de saint Paul, et le mien par la même occasion : nous revêtir du Christ. C’est exigeant, mais c’est toujours plus seyant que la peau de chameau de Jean le Baptiste !
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