Dom Helder Camara, célèbre évêque brésilien, disait : "Il y a trois sortes de violences. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant
l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a
pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue."
Des rues parisiennes à Sainte-Soline, ne nous trompons pas : la mère des violences est celle d’un
gouvernement qui fait fi de la démocratie par les procédés qu’il emploie, sur la réforme des retraites
notamment. Un gouvernement qui fait fi de la grande majorité des Français. Et qui, se rendant compte qu’il a perdu à l’Assemblée, qu’il perd dans la rue, qu’il perd dans l’opinion, ne sait plus utiliser que la force, confondant autorité avec autoritarisme.
Oui, la politique est un cadre d’expression des conflits mais ne nous y trompons pas : la violence dite légitime de l’État, la troisième violence. La première violence, elle, est celle insidieuse et latente des rouages institutionnels déshumanisants, des mensonges en hémicycle, de la violence d’un projet de société libérale qui ne vient pas des plus pauvres, ne peut que provoquer une violence, la deuxième, qui est à mon sens à minima compréhensible.
En tant que chrétien, je réagis à ces violences avec tristesse. Impossible de se réjouir d'une quelconque violence que ce soit, de quelque côté que ce soit : la Semaine sainte de Pâques que nous avons entamée hier nous rappelle que le Christ vient justement pour clouer la violence sur la croix. Nulle justification de la violence donc, mais répétons- le, compréhension lorsque celle-ci émane d’un désespoir, d’une peur béante face à l’avenir de notre société.
→ À LIRE : Vivez Pâques et la Semaine sainte en direct de Jérusalem avec les dominicains de l’École biblique
Cela va changer certains de mes votes. J’ai fait barrage au moins quatre ou cinq fois au Rassemblement national en votant En Marche, justement parce que je pense que, étant un mouvement fondé sur la peur, le RN provoquera énormément de violences. Je ne le ferai plus car cela revient au même, En Marche préparant l’arrivée au pouvoir du RN. Il m’est désormais impossible de voter pour cet extrême centre qui supprime l’aide médical d’État, cède les terres aux grands propriétaires aux dépens des petits agriculteurs, lance des milliers de grenades, passe en force une réforme des retraites, va faire passer la loi anti-squat qui criminalise qui est en impayé de loyer et la loi asile et immigration ou encore
détruit les droits des salariés...
Le RN pense avec des idées du XIXe siècle, le parti présidentiel les recycle à la sauce néolibérale des années 70. Je ne veux pas passer ma jeunesse à voter contre, mais à me battre pour un autre projet politique, fait de justice, de justice écologique, sociale, économique, fiscale. En tant que jeune engagé, seul cela peut redonner confiance en la politique : construire un nouveau contrat social à partir des réalités du XXIe siècle.
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