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Édito de Julien Dezécot - Méga-bassines, méga-problème environnemental

RCF, le 28 mars 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Le point de vue de 7h20Édito de Julien Dezécot - Méga-bassines, méga-problème environnemental

Alors que les manifestations autour des méga-bassines défraient la chronique environnementale, la revue Sans Transition ! invite Rob Hopkins, l’initiateur du mouvement mondial de la transition, pour une tournée française de conférences, dont l’objectif est d’accélérer la transition écologique, notamment agricole, face à l’urgence climatique.

Le collectif Les soulèvements de la terre a organisé une manifestation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre le projet de construction de 16 méga-bassines, le 23/03/2023 ©Estelle Ruiz / Hans LucasLe collectif Les soulèvements de la terre a organisé une manifestation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre le projet de construction de 16 méga-bassines, le 23/03/2023 ©Estelle Ruiz / Hans Lucas

Les méga-bassines, dont nous entendons beaucoup parler en ce moment, sont des ouvrages de grande envergure, plastifiés, entourés de digues de 10 mètres de haut, qui servent à stocker de l’eau. En moyenne une méga-bassine mesure 8 hectares mais les plus grandes ont une capacité pouvant aller jusqu’à 18 hectares. L’eau récoltée ne provient pas principalement de l’eau de pluie mais plutôt des nappes phréatiques et des cours d’eau alentours, grâce à des systèmes de pompage, comme c’est le cas dans les Deux-Sèvres.

 

Ces méga-bassines sont au service d’une agriculture industrielle particulièrement gourmande en pesticides chimiques et en eau (monoculture de céréales et élevage hors-sol). Et ces pompages massifs, s’ils se généralisent, risquent de remettre en cause le cycle naturel de l’eau et plus généralement de déstabiliser des écosystèmes, comme le souligne à juste titre l’association Agir pour l’environnement.

 

Les méga-bassines représentent un symbole qui heurte les écologistes. Face au changement climatique et au risque de pénurie d’eau annoncé à l’échelle mondiale, notamment par l’ONU dans un récent rapport, il est temps de changer de modèle agricole et non de se lancer dans une course en avant productiviste, alors que les réserves en eau s’amenuisent et que le changement climatique contraint le renouvellement de la ressource.

 

Alors que 6% de la surface agricole utile est irriguée en France, les principales cultures dépendantes sont le maïs (à hauteur de 41%) et les céréales (17%). Or la moitié des céréales produites en France sont destinées à l’exportation. Seules 11% sont utilisées pour l’alimentation humaine et près de 20% pour l’alimentation du bétail. Autrement dit, l’irrigation ne sert pas la souveraineté alimentaire...

 

Car de surcroît, ce sont essentiellement les grandes exploitations qui font appel à ces méga-bassines et à l’irrigation à grande échelle, dont les cultures sont souvent destinées à l’exportation et à l’alimentation du bétail d’élevages industriels.

 

Bonne nouvelle, des alternatives aux méga-bassines existent : des exploitations à taille plus humaine et des élevages liés au sol, la replantation de haies, la protection des zones humides. Ou encore revenir à un élevage de plein air avec des animaux au paturâge ne dépendant plus d’une alimentation gourmande en pesticides et en eau... 

 

En somme, une véritable transition agricole, comme l’appelle de ses vœux Rob Hopkins, le fondateur du mouvement mondial des villes en transition, chroniqueur dans la revue Sans Transition ! À l’occasion de sa venue en France, du 1er au 5 avril (la semaine prochaine à Avignon, Bordeaux, Montpellier ou encore Fleurance dans le Gers), Rob Hopkins fera part de son expérience mise en œuvre dans plusieurs villes d’Europe, dont Liège, où une ceinture alimentaire a été mise en place, en partenariat avec les publics publics, au service d’une véritable souveraineté alimentaire. Autrement dit, exit la course à l’exportation et priorité à l’alimentation de qualité, en proximité. Pour une révolution alimentaire au service de l’intérêt général !

 

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