Antoine-Marie Izoard revient sur les révélations faites il y a deux semaines par Famille Chrétienne sur Mgr Michel Santier, et leurs inévitables conséquences…
C'est un séisme qui n’en finit plus et s’avère à chaque fois plus destructeur. Il y a un an, au terme de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, souvenez-vous, on s’était remis à espérer. Sauf à être réellement naïf, on savait bien que des affaires d’abus de pouvoir, psychologiques ou sexuels pourraient surgir et que l’Église devait encore redoubler d’efforts.
Mais, confrontés à l’ampleur des dégâts humains des actes de trop nombreux membres de l’Église après le rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église), les évêques avaient reconnu leur responsabilité, ils avaient adopté une série de mesures afin que cette Église du Christ soit une maison toujours plus sûre et puisse sereinement continuer à servir les plus petits, à annoncer la foi au monde.
Mais nos récentes révélations concernant les abus commis par un évêque ayant instrumentalisé le sacrement de confession à des fins sexuelles, et le silence autour de la sanction romaine qui avait frappé tardivement Mgr Michel Santier, font de nouveau trembler l’Église. Depuis, de nouvelles victimes se sont déclarées, qui espèrent entamer un chemin de reconstruction et de réparation. L’ampleur de cette affaire glace les fidèles et place, une fois encore, l’épiscopat au pied du mur.
Les évêques, sur qui repose l’Église depuis le mandat missionnaire du Christ, doivent prendre la mesure de cette énième et forte secousse. Ceux qui, parmi les successeurs des apôtres, ont sciemment couvert des abus, voire en ont commis eux-mêmes, doivent assumer publiquement leurs fautes et prendre leurs responsabilités pour ne pas faire peser sur tout l’épiscopat et l’ensemble de l’Église leur propre turpitude. Alors, il nous faut prier pour nos évêques, comme à chaque messe, afin que l’Esprit leur inspire de sortir d’un silence mortifère. Et prier, bien évidemment, pour les victimes. La responsabilité des évêques est immense. La nôtre également.
Certains se demandent si ce travail est bien légitime. Le travail de vérité que nous tentons d’effectuer ces dernières années par amour de l’Église impose un discernement délicat, fort de notre responsabilité. Ce même discernement a pu être altéré, par le passé, lorsque nous avons accordé notre confiance, en toute bonne foi, à des fondateurs devenus prédateurs. Nos regrets sont profonds, nos excuses sincères et nous aurions tort de jouer aujourd’hui les purs.
Mais, accusés désormais par certains de fouiller dans les poubelles, remerciés par beaucoup de tenter de servir la vérité et de faire avancer la cause des victimes, nous ne voulons rien d’autre que d’aider l’Église à mieux faire rayonner le message de l’Évangile, à faire respirer au monde la bonne odeur du Christ. Soyons bien clairs : ce n’est pas la révélation de ces actes qui salit l’Église, mais ce sont bien ces actes eux-mêmes.
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