J’ai été très intéressée par un sondage* paru il y a peu dans le magazine Elle. Il m’a ouvert les yeux sur une réalité que j'entrevoyais sans en mesurer l'ampleur : le fait que de nombreuses jeunes femmes aujourd'hui n'envisagent pas de devenir mère un jour.
Cela concerne 30% des jeunes femmes de 18 à 49 ans, dont une majorité d’écologistes, féministes. Bien sûr, j'avais déjà discuté avec des trentenaires pour qui mettre un enfant sur une planète surpeuplée et surchauffée ne paraissait pas responsable. Mais le sondage de Elle démontre que le refus raisonné de la maternité prend progressivement une tout autre ampleur.
Pour ma génération, celle des soixantenaires, avoir ou pas des enfants n’est pas une question. Ce qui est au cœur de la réflexion, c’est la conciliation des vies professionnelle et parentale, question qui devient de plus en plus centrale. Le choix est là : combien veut-on d’enfants et quand, puisque nous pouvons désormais choisir.
À la génération du dessus, le fait de ne pas enfanter était lui vécu comme un drame, accompagné pour le couple stérile, et particulièrement la femme, de relégation. Je n'oublierai pas cette vieille tante, qui, passé 80 ans, me disait encore sa détresse… dans ce temps ou FIV et PMA n’existaient pas.
Toujours selon ce sondage de Elle, entrent en jeu différentes réponses : les unes relèvent de choix très personnels - la conviction que la maternité n’est pas indispensable à l’épanouissement personnel, le refus de la responsabilité parentale et d’éducation, les conséquences de la grossesse sur le corps -, d’autres sont davantage liées au monde dans lequel on vit - l’écoanxieté et le réchauffement climatique, les crises mondiales, la surpopulation.
Plutôt que de porter un jugement moral sur ces chiffres, je les accueille (même si la grand-mère potentielle que je suis frémis un peu…) Ils m'apprennent beaucoup sur le monde qui vient et sont autant de sujets de discussion possibles avec la génération de mes enfants, de leurs amis, de jeunes croisés ici ou là. D’autant que majoritairement les jeunes femmes continuent de vouloir deux ou trois enfants…
Il renvoie aussi aux conceptions très différentes du couple entre Églises catholique et protestantes. Si la procréation est au cœur du mariage catholique, symbolisé par les enfants du cortège d’honneur, et fortement affirmé lors de la célébration du mariage, ce n’est pas le cas en protestantisme.
Là, c’est le couple qui est béni lors du mariage et les enfants potentiels ne sont pas évoqués. On parlera ici de “générativité”, un mot qui évoque la transmission et la créativité. Il dit que la vocation du couple est l’ouverture à l’autre qu’il soit un enfant, un prochain en détresse, un projet commun de service… Dialoguer autour de ces sujets me semble passionnant. Pas vous ?
* Source : Elle du 29 septembre 2022, enquête Ifop pour Elle
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