Le cap des huit milliards d’individus a été dépassé cette semaine. L’augmentation est fulgurante. Nous n’étions que 2 milliards en 1900. Devons-nous arrêter de faire des enfants pour être en surpopulation ?
La question de ne plus faire d’enfants devient de plus en plus actuelle. Les "childfree" ou les "nokids" se multiplient, ce sont ces jeunes qui affirment qu’ils n’auront pas d’enfants au motif de protéger la planète. Certains vont même jusqu’à se faire stériliser, un geste ultime qualifié "d'écoresponsable'. Il ne s’agit pas de contester une décision individuelle. La fécondité va au-delà de la paternité ou de la maternité et avoir des enfants n’est pas une condition indispensable pour se réaliser. Mais plutôt de s’émouvoir de cette écrasante et mensongère injonction : "N’ayons plus de bébés, ils vont polluer".
Déjà, il y a quelque chose de paradoxal à vouloir protéger ou sauver les générations suivantes en postulant en même temps qu’elles ne devraient pas exister. Empêcher quelqu’un de naitre au motif de le sauver n’a aucun sens. Ensuite, ce sont les pays où la natalité est la plus basse qui sont en réalité les plus pollueurs. Or, l’essentiel de l’augmentation se joue en Afrique. Un Américain émet 17 tonnes de CO2 par an, un Éthiopien 0.19. Les émissions qui provoquent le réchauffement climatique sont le fait d’une minorité : c’est le milliard d’humains qui vit dans les pays riches. Si avoir moins d’enfants conduit à plus voyager ou plus consommer, on voit bien que cela n’a aucun sens. D’ailleurs, les familles nombreuses sont souvent les plus enclines à la sobriété, aux bonnes idées pour mieux consommer et moins polluer.
Par ailleurs, les raisons de ne plus avoir d’enfants sont plus complexes que la simple écoanxiété. La peur de l’avenir, les inquiétudes et difficulté économiques. Mais aussi, les raisons d’épanouissement personnel. On entend beaucoup parler de personnes qui regrettent d’avoir des enfants. D’où cela vient-il ? L’individualisme. L’injonction à "profiter". Peut-être aussi d’une idéalisation de la parentalité. Mais surtout d’une vision de plus en plus prégnante de l’enfant comme un projet, qui conduit à être moins dans l’accueil, de moins consentir à l’imprévisible. Or, comme on fait des enfants qui ne se laissent pas faire, il y a un décalage inattendu.
Notre société cultive la désespérance. Tout cela en est le signe, mais aussi la cause. Peut-être que ceux qui prendront le mieux soin de la création ne sont pas encore nés ? Les enfants et les générations qui se renouvellent engendrent espoir et vitalité. Par leurs yeux, on regarde le monde comme on ne l’a jamais regardé. Pour eux, on pense l’avenir comme on ne l’a jamais pensé. Avec eux, on aime la vie comme on ne l’a jamais aimée. Ils sont notre force, notre boussole et le vent dans nos voiles. Par qui et pour qui trouver l’énergie et l’envie de défendre le bien, le bon, le beau, si ce n’est pour tous ceux à qui nous passerons le flambeau ?
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