Le Salon de l’agriculture bat son plein et déjà on annonce des restrictions d’eau. Elles vont démarrer dès mars, comme annoncé par le ministère de l’Écologie. Et ce en raison d’une sécheresse historique cet hiver. Quelle gestion de l’eau pour un système agricole plus résilient ?
L'eau douce disponible se fait de plus en plus rare et les conflits provoqués par son accaparement se multiplient. Pour autant, le monde agricole reste accroché au robinet. Illustration : en 10% une hausse de 14% de la surface agricole irriguée en France selon le dernier recensement agricole. En cause le dérèglement climatique, qui met champs et pâturages à l’épreuve de la sécheresse et de la hausse de la température moyenne. Paradoxe : à l’heure où l’or bleu disponible se raréfie - son volume annuel a chuté de 14% entre 1990 et 2018 (selon les données du ministère publiées en juin dernier) - le modèle agricole français compte de plus en plus sur les ressources hydriques du territoire, fragiles et incertaines.
En premier lieu, redonner au sol son rôle naturel d’éponge, en réduisant le labour et le nombre de passage de tracteurs lourds. Car un sol en bonne santé va mieux retenir et filtrer l’eau vers les nappes souterraines. Ce qui évite aussi le lessivage lors d’intenses précipitations. D’autres bonnes pratiques existent, comme la restauration des infrastructures bocagères ou encore la plantation des haies, d’arbres. Car même si ces derniers consomment de l’eau, ils évitent d’abord l’érosion des sols et l’assèchement de surface !
Second levier : s’adapter, en choisissant les variétés adaptées en prévision des sécheresses à venir et du climat modifié, en s’inspirant notamment des pratiques utilisées dans les pays semi-arides par exemple. Les experts interrogés dans nos colonnes rappellent qu’il ne faudra pas compter uniquement sur les choix individuels des agriculteurs car c’est l’ensemble de la filière qui doit se transformer au plus tôt.
Les deux tiers des céréales produites en grandes cultures sont à destination des animaux. Permettre au bétail de se nourrir plutôt d’herbe remodèlerait les paysages agricoles. Et permettre de baisser la pression de l’irrigation. Car il faut presque 10 fois plus d’eau pour produire un kilo de bœuf qu’un kilo de céréales.
Le développement des constructions de stockage, des mégabassines, fait l’objet de fortes oppositions, comme l’ont montré les récentes mobilisations dans les Deux-Sèvres contre un projet permettant de stocker l’équivalent de 2620 piscines olympiques. Il est difficile pour les filières et les territoires d’aller vers des trajectoires d’adaptation si cette transformation n’est pas collective.
Or, le plan stratégique national, la déclinaison française de la PAC, n’encourage ni les pratiques agroécologiques, ni un meilleur usage de l’eau. Alors que les arrêtés de restrictions de l’usage de l’eau se sont multipliés l’été dernier et s’annoncent dès cette semaine, les champs pourraient continuer de griller si la ressource en eau n’est pas mieux gérée. Et si la politique agricole commune n’est pas mise à jour urgemment, à l’heure du dérèglement climatique !
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