Un an après le début de l'agression de l'Ukraine par la Russie, la résistance de tout un peuple envoie un signal à l'Europe et au monde entier. Un signal dont nous devons prendre toute la mesure.
C'est un terrible anniversaire que nous vivrons demain. L'an dernier, le 24 février, l'agression inique de l'Ukraine par la Russie nous a fait basculer malgré nous dans un conflit qui, déjà, redéfinit les enjeux du siècle. Pour le mesurer, écoutez donc le discours de Vladimir Poutine mardi. Son discours… et ses éternels mensonges : "c'est l'Ukraine qui a commencé la guerre" ; "l'Occident est responsable de ce conflit"... Et la réalité ? Aux abonnés absents. Folie impérialiste. Effrayante course vers l'abîme.
Alors, oui, il faut rechercher la paix pour mettre fin à cette violence déchaînée. Mais quelle paix ? À quel prix ? Peut-on vraiment encore appeler l'Ukraine à se montrer "raisonnable" – c'est-à-dire à accepter la capitulation ? Par peur légitime d'un embrasement nucléaire, ou guidés par un anti-atlantisme qui n'est trop souvent qu'un alignement sur le Kremlin qui s'ignore… ou fait mine de s'ignorer. Peut-on vraiment réclamer cela à ce pays, pour notre propre tranquillité ?
C'est oublier un peu vite que ce conflit n'a pas commencé l'an dernier. Non, ce que l'histoire regardera comme la guerre de la Russie contre l';Ukraine a commencé en 2014, avec l'annexion de la Crimée et l'offensive dans le Donbass. En fait, le temps de la diplomatie que tant de voix réclament aujourd'hui, ces compromis aux allures de compromissions pour tenter d'empêcher l'escalade, tout cela a déjà eu lieu, il y a neuf ans. Et est-ce cela a permis d'éviter le pire ? Au contraire ! Galvanisé par cette impunité internationale, l'appétit impérialiste de Vladimir Poutine n'en a été qu'attisé.
N'est-ce pas pour cette raison précisément qu'Emmanuel Macron déclarait il y a quelques jours : "La Russie ne peut pas, ne doit pas l’emporter" ? Le président de la République a raison : une victoire de la Russie, c'est malheureusement devenu impossible. Impossible stratégiquement, mais surtout impossible moralement. Car qui peut sérieusement croire que satisfaire un autocrate qui se comporte comme un petit caïd mettrait fin à son déchaînement de violence ? Comment ne pas être du côté de l'opprimé, quand les pluies de missiles et les crimes de guerre frappent toujours le même côté de la frontière ? Et surtout : comment rester neutre, quand Moscou ne cache même pas que c'est nos démocraties qu'elle entend combattre ?
Accepter que l'Ukraine soit vaincue, ce serait payer le prix fort pour un répit bien fragile. Ce serait aussi laisser planer un danger permanent sur le reste de l'Europe. Ce serait enfin envoyer un terrible signal aux autres pays impérialistes, à commencer par la Chine qui n'attend que cela pour fondre sur Taïwan. Je retiens particulièrement ces mots du philosophe ukrainien et théologien orthodoxe Constantin Sigov : "Le choix n'est pas entre la guerre et la paix, mais entre la tyrannie et la liberté." Oui, nous voulons la paix. Mais la paix n'est possible que si l'agresseur se retire.
Et il y a plus encore. La résistance ukrainienne, cette résistance populaire d'hommes et de femmes,
engagés volontaires contre des bataillons de mobilisés russes et les mercenaires du groupe Wagner,
c'est tout un peuple qui se bat pour préserver sa liberté, sa fierté, sa dignité. Ce peuple nous envoie aussi un message de courage et d'espérance. Pas une espérance qui se réduirait à un vague
optimisme, mais bel et bien la capacité à distinguer, au cœur des ténèbres, les premières lueurs de l'aube. Cette espérance, c'est leur refus de capituler, aux avant-postes de ce qui est sans doute une bataille pour l'âme et l'avenir de l'Europe. Alors, que vive l'Ukraine !
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