La France est en vacances cette semaine. Si les enfants de la zone A ont repris le chemin de l’école ce lundi, ceux des zones B et C sont au repos. Et la zone C, pour ceux qui ne le savent pas, c’est celle des académies de Paris, Créteil, Versailles, Montpellier et Toulouse. Autrement dit, la France est l’arrêt - ou presque - pour 15 jours.
Les vacances scolaires de la capitale coïncident aussi avec les vacances parlementaires et la mise entre parenthèse de la contestation sociale. Les débats sur la réforme des retraites ont pris fin, à l’Assemblée, vendredi, dernier jour de cours, à minuit. Le texte ne poursuivra son chemin, au Sénat, que la semaine prochaine, d’abord en commissions. Les séances publiques ne reprendront que le 2 mars, et les manifestations, en congés elles aussi, que le 7 mars, semaine de la rentrée, avec un blocage annoncé du pays.
Après une séquence d’affrontements intenses, tout est retombé d’un coup, comme un soufflet. Même l’actualité, qui s’est remise à parler d’autre chose que d’âge de départ, de pénibilité ou de pensions minimum. C’est curieux, mais c’est comme ça. Les vacances, en France, c’est sacré. Au point qu’on pourrait se demander si le calendrier des débats n’a pas été savamment étudié, de façon à générer un coup d’air au milieu du conflit, en espérant qu’il ne reprendra pas avec la même intensité après la pause.
Tout le monde n'est pas au repos pendant cette fameuse pause. Il y en a un qui met à profit cette parenthèse pour occuper la scène, c’est le président de la République. Plutôt en retrait jusqu’à maintenant, Emmanuel Macron a laissé Élisabeth Borne et quelques-uns de ses ministres ferrailler en première ligne avant cette semaine. Maintenant que c’est la trêve, il occupe le terrain à sa façon, en créant des rendez-vous qui lui permettent de parler économie, travail, et de faire passer plus ou moins subtilement quelques messages.
Des rendez-vous qui permettent à Emmanuel Macron de parler indirectement de la réforme des retraites. Je suis sûr que le déplacement présidentiel à Rungis, dans la nuit de lundi à mardi, ne vous a pas échappé. Le chef de l’État y est arrivé dès potron-minet, à 5h30 du matin, histoire de montrer qu’il s’intéresse à la France qui se lève tôt, pour reprendre la célèbre phrase de Nicolas Sarkozy. Et pour dire quoi ? Une "vérité qui fâche", dit le président, à savoir qu’il "n’y a pas de miracle : si on veut préserver un système par répartition, il faut qu’on travaille plus longtemps".
Emmanuel Macron ne lâchera pas l’affaire. Le gouvernement a perdu la bataille de l’opinion, la majorité des Français ne veut pas de la réforme des retraites qui nous est présentée, mais l’exécutif ira au bout. "Ça ne fait plaisir à personne, a redit le président hier, mais il ira au bout. Quoi qu’il en coûte. Et il remettra le couvert sur le sujet, j’en suis sûr, ce samedi, jour de l’inauguration du Salon de l’agriculture, porte de Versailles, à Paris. Emmanuel Macron risque de s’y faire chahuter, mais il ira au contact, et il va reparler des retraites. Il profite des vacances de ses opposants pour occuper le terrain. Et préparer les esprits.
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