On a jusqu'à la fin du mois pour se souhaiter la bonne année, et ne me demandez pas pourquoi, mais les cérémonies battent leur plein cette semaine, du côté des politiques.
Pour commencer, Élisabeth Borne, Première ministre, a présenté les siens à la presse lundi. Pour Eric Ciotti, le nouveau patron des Républicains, c'était hier, tout comme Agnès Panier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie. Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, c'est ce matin ; Olivier Dussopt, ministre du Travail, demain - comme Hervé Berville, secrétaire d'État à la mer, et je suis sûr qu'il y en a d'autres que j'ai raté. ça fait beaucoup d'un coup, et vous ne devinerez jamais de quoi on parle, à chaque fois, entre la galette et la coupette.
Bingo ! En 2023, dans les ministères comme dans les partis, on se souhaite une bonne année, une bonne santé et surtout une bonne réforme des retraites. Pour se donner du courage, hein, parce que l'affaire n'est pas formidablement bien engagée. Il faut dire que la première journée de manifestations, jeudi dernier, a rassemblé beaucoup, beaucoup plus de monde que prévu. Même l'intersyndicale et la Nupes, qui espéraient un rassemblement historique, n'en attendaient pas tant. Entre un et deux millions de Françaises et de Français dans la rue pour dire non à la réforme des retraites, c'est ce qui s'appelle démarrer sur les chapeaux de roues.
Officiellement, non. Elisabeth Borne a été très claire, lors de ses vœux. Le projet de loi du gouvernement peut être amendé, mais par le Parlement, l'Assemblée et le Sénat, pas sous la pression de la rue. Et il ne sera pas retiré. L'ampleur de la mobilisation, si elle est confirmée la semaine prochaine, devrait pourtant peser très fort sur le dossier, mais pas forcément là où on s'y attend.
C'est-à-dire qu'une mobilisation XXL, confirmée dans la durée, est de nature à faire douter un certain nombre de députés dont l'exécutif va avoir besoin pour faire passer son texte à l'Assemblée sans avoir à recourir au fameux "49-3". Quelques voix au sein de la majorité présidentielle commencent à émettre des réserves, ou à demander des modifications du texte gouvernemental qu'ils n'ont plus très envie de voter en l'état. Hier soir, la Première ministre a dû appeler ses troupes à “faire vivre l’esprit d’équipage” et à rester “unis”, preuve de la fragilité de l'attelage. Et c'est encore pire chez Les Républicains, alliés de circonstance du gouvernement. “Plus les semaines passeront, plus les Français mesureront les injustices massives de l’actuelle réforme des retraites”, a prévenu Aurélien Pradié, fraichement nommé vice-président des Républicains. Une sortie qui a obligé son chef, Éric Ciotti, à déclarer que le parti serait “au rendez-vous de ses responsabilités” sur la réforme des retraites. Les Républicains ont promis qu'ils la voteraient, mais il n'est pas dit que tous suivent la consigne. Les débats en hémicycle, qui doivent démarrer le 6 février à l'Assemblée, seront plus que mouvementés.
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