Aujourd'hui, je vais vous parler d'argent. Je vais même vous parler de gros sous, en vous disant deux mots du budget de l'Etat, parce que c'est le sujet du moment. Les ministères multiplient les conférences de presse, ce matin, pour présenter le détail de ce qu'ils comptent faire, avec l'argent public, l'an prochain.
Le conseil des ministres du jour sera consacré au sujet, et la longue séquence annuelle des discussions budgétaires va pouvoir commence au Parlement. Et, comme l'année dernière, ça ne va pas bien se passer.
Ca ne se passera pas bien, parce que le camp présidentiel n'a toujours pas de majorité absolue à l'Assemblée. On peut parier que les oppositions voteront à nouveau contre le projet de loi de finances 2024, contre le projet de loi de finances de la sécurité sociale et contre le projet de loi de programmation des finances publiques, dont l'examen démarrera ce soir, en séance publique, au Palais Bourbon.
Le gouvernement n'aura vraisemblablement pas d'autre choix que de recourir à nouveau à l'article 49-3 de la Constitution pour faire passer tous ces textes, et il sera probablement tenté de le faire très vite, pour écourter les séances et gagner du temps parlementaire qui pourra servir à examiner d'autres sujets.
Le niveau d'endettement de notre pays atteint des sommets
Je peux comprendre la tentation du pouvoir d'aller vite en besogne, mais je regretterais vivement qu'on ne se donne pas le temps de débattre publiquement de nos petits problèmes d'argent. Parce que ça ne va pas très fort, côté finances, en France, en ce moment. J'ai eu l'occasion de le dire à ce micro à plusieurs reprises, mais le niveau d'endettement de notre pays atteint des sommets. L'Etat s'engage, au travers du projet de loi de programmation des finances publiques, à réduire son déficit au cours des cinq années à venir, de façon à le ramener en dessous de 3% de notre produit intérieur brut, mais… pas avant cinq ans.
C'est long 5 ans, pour remettre de l'ordre dans ses finances publiques. Dans un avis rendu public ce lundi, le Haut Conseil des Finances Publiques parle d'une trajectoire "peu ambitieuse", qui ferait de la France le dernier grand Etat de la zone euro à revenir à la normale, côté dépenses publiques. Alors même que le pays s'embarque - enfin - dans un grand mouvement de "planification écologique".
La France veut faire fort, et très vite, pour se "décarboner". C'est super, il faut saluer cet engagement et le soutenir, mais il n'y a pas que les gaz à effet de serre que nous aurions intérêt à réduire drastiquement, et urgemment, dans notre pays. Ce serait bien de penser aussi à réduire nos dettes, que nos enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants devront régler. D'après le Haut Conseil des Finances publics, ce qu'on appelle le "service de la dette" est en train d'exploser en France.
Si rien n'est fait, l'Etat devra débourser 84 milliards d'euros en 2027, rien pour rembourser le capital et les intérêts des emprunts cumulés que nous avons contractés. 84 milliards rien que sur une année. Bien plus que les dépenses de n'importe quel ministère. 84 milliards dont nous aurions besoin pour financer efficacement la transition écologique du pays, et qui s'évaporeront sans que nous ne puissions rien en faire.
Le compte n'y est pas. Et ce serait bien de prendre le temps d'en parler, un peu sérieusement, et collectivement, je trouve. Pas vous ?
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