La réforme des retraites, c'est "le" sujet du moment, et on va en parler une bonne partie de l'année, je le crains... ça y est, ça y est ! On sait enfin à quelle sauce le gouvernement veut nous réformer : retraite à 64 ans, après 43 années de cotisation, suppression programmée des régimes spéciaux, départ sans décote à 67 ans…
Hier, Élisabeth Borne a été particulièrement claire, mais sans surprise. Le projet répond aux attentes des Républicains, qui le voteront. Les syndicats, la Nupes et le Rassemblement national n'en veulent toujours pas. La majorité des Français non plus, 70% d'entre eux n'ont aucune envie de travailler plus longtemps, et on les comprend. Même s'il faudra bien la faire, cette réforme.
On peut toujours faire autrement. Mais il n'y a pas 36 solutions pour remettre notre régime de répartition dans les clous. Travailler plus (le choix du gouvernement) ; demander à ceux qui travaillent de cotiser plus ou réduire le montant des pensions (ce dont le gouvernement ne veut pas entendre parler). On a beaucoup entendu les gauches dire qu'on pouvait aussi laisser courir le déficit annoncé, en arguant qu'il ne sera pas bien gros et qu'il finira par se résorber tout seul. Ce qu'on ne peut plus se permettre.
Parce que nous ne sommes plus un pays riche. La dette de la France frise les 3.000 milliards d'euros, soit près de 113% de notre produit intérieur brut. La balance commerciale du pays est au plus mal. Pour combler ses déficits cumulés, l'État va devoir emprunter 270 milliards sur les marchés financiers en 2023, à des taux d'intérêts qui remontent en flèche. C'est du jamais vu. Après trois années de "quoi qu'il en coûte", on a "cramé la caisse" comme disait Valérie Pécresse pendant la campagne présidentielle.
Nous n'avons plus les moyens de laisser courir les déficits, petits ou gros, sans risquer de planter le système. Et de tuer pour de bon, la retraite par répartition. Ce qui fait que le gouvernement ne lâchera pas. Il va mettre en avant les avancées concoctées pour nous faire avaler la pilule, dont les mesures en faveur des longues carrières, la prise en compte de la pénibilité de certains métiers ou la pension minimum à 1.200 euros nets.
Mais Nupes, RN et syndicats vont tout faire, aussi, pour bloquer l'examen du texte et faire monter la contestation. La dernière tentative de réforme, fin 2019 - début 2020, avait donné lieu à 55 jours de grève. Pour rien. Il serait bon que celle-ci soit un peu moins longue et un peu plus productive. On risque de tous fatiguer, et très vite, sinon…
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